"On a vu l’évolution ces dix dernières années chez les jeunes qui restent trop souvent à l’aide sociale, qui ne se donnent pas suffisamment de peine pour s’intégrer au niveau formation professionnelle. C'est ce qu'on nous a dit. Moi, j’ai toujours mes petits doutes", déclarait Philippe Perrenoud, conseiller d'Etat bernois responsable des affaires sociales, le 6 mai sur les ondes de la RTS. Le socialiste commentait l’objectif fixé par le gouvernement du canton de couper dans l’aide sociale.
Jeunes surreprésentés
Le taux d'aide sociale des 18-25 ans est effectivement plus élevé que celui des autres classes d'âges, a vérifié l'émission Factuel de la RTS lundi. En 2013, pour la Suisse, il était de 4% contre 3,2% en moyenne. Cette surreprésentation s'observe, avec de petites fluctuations, sur l'ensemble des dernières années et dans l'ensemble des cantons.
Les cantons où le taux d'aide sociale des 18-25 ans est le plus élevé sont Neuchâtel (10,5%), Bâle-Ville (8,2%), Vaud (6,7%) et Genève (6,6%), puis Berne (5,2%).
Phénomène urbain
On remarque qu'il s'agit d'un phénomène marqué dans les régions urbaines. Selon que ces jeunes habitent dans une ville (taux de 5,6%), une commune moyenne (2,9%) ou une petite commune (1,8%) le risque de devoir bénéficier de prestations financières d'aide sociale peut passer du simple au triple.
Efforts difficilement mesurables
Le doute de Philippe Perrenoud est légitime sur la durée de l'aide. Ces jeunes adultes sont en effet très mobiles, et donc très difficiles à suivre statistiquement. Et de là à savoir s'ils font suffisamment d'efforts, il s'agit davantage d'une appréciation que d'une statistique.
Par ailleurs, selon les chiffres de la Conférence suisse des institutions d'aide sociale, quelque 70% des jeunes adultes bénéficiaires de l'aide sociale n'ont pas (encore) terminé une formation professionnelle. On y compte notamment 44% d'apprentis et 31% de jeunes en formation sans activité lucrative. Ces chiffres le montrent, la transition vers la vie professionnelle fait de ces jeunes une catégorie fragile socialement.
Séverine Ambrus/jvia