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Les ONG s'insurgent de l'abandon des charges contre une raffinerie d'or

Des lingots d'or raffiné par Argor-Heraeus à Mendrisio en 2008. [Keystone - Karl Mathis]
Des lingots d'or raffiné par Argor-Heraeus en 2008. - [Keystone - Karl Mathis]
Le Ministère public de la Confédération (MPC) a classé la procédure ouverte contre une société tessinoise pour soupçons de blanchiment d'argent et de complicité de crime de guerre. Des ONG s'insurgent.

Dans son ordonnance rendue en mars, le MPC a conclu qu'Argor-Heraeus avait bien raffiné près de trois tonnes d'or pillé par des rebelles congolais entre 2004 et 2005, contribuant aux exactions commises dans une zone de conflit.

Si la société s'était renseignée sur la provenance du métal précieux, comme l'exige son règlement interne depuis août 2004, elle aurait remarqué qu'il était vraisemblablement volé. Mais justement, la justice n'a pas trouvé trace de "doutes" émis par l'entreprise sur l'origine criminelle de l'or, d'où le classement de la procédure.

Pas d'or en Ouganda

Argor Heraeus aurait dû savoir que l'Ouganda, d'où elle importait le minerai, ne compte quasiment pas de mine d'or, s'insurge l'ONG Trial.

Ce n'est pas parce que la firme "aurait dû savoir" qu'elle a pour autant eu l'intention de commettre un délit. Le MPC abandonne donc la charge d'assistance intentionnelle à la commission de crime de guerre. Il estime également qu'il n'y a pas eu de blanchiment d'argent.

agences/fme

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Trois tonnes d'or pillé

En octobre 2013, trois ONG, dont Trial, avaient dénoncé pénalement Argor-Heraeus auprès du Ministère public de la Confédération. Elles soupçonnaient l'entreprise de blanchiment en raison du raffinage d'or pillé de RDC en 2004 et 2005.

L'enquête menée par l'Association suisse contre l'impunité Trial a permis de rassembler des preuves, avait affirmé cette dernière. Argor-Heraeus aurait raffiné entre 2004 et 2005 près de trois tonnes d'or pillé en RDC par un groupe armé, le Front nationaliste intégrationniste (FNI).

«Dirty Gold War»

Cette annonce arrive la veille de la sortie, mercredi, du film documentaire "Dirty Gold War" sur le commerce de l’or sale, du réalisateur genevois Daniel Schweizer. Ce dernier pointe le rôle de la Suisse comme plaque tournante de cette matière première, dont l’origine de 90% reste douteuse.