Pour les défenseurs des animaux, il s'agit là d'une "dérive éthique", une pratique choquante que les producteurs ont confirmée à la RTS. La Protection suisse des animaux a d'ores et déjà empoigné le problème à bras-le-corps, et affirme détenir les preuves d'une augmentation anormale des veaux mâles envoyés à l'incinérateur dès leur naissance.
"Je pense que c'est quand même une grosse part de rumeurs. C'est vrai qu'il y a quelques agriculteurs qui ne prennent pas la peine d'élever ces veaux et de leur donner du lait", affirme Christophe Noël, membre du comité de la Fédération des producteurs suisses de lait. "Un veau qui fait seulement 200 francs, c'est 200 francs d'entrées pour l'exploitation", ajoute-t-il.
Une question financière
Car le coeur du problème est financier. Ces veaux - issus de vaches laitières boostées au maximum de leur productivité - coûtent presque plus cher à engraisser que ce qu'ils peuvent rapporter et n'ont pas grand-chose à voir avec les races à viande que l'on paye d'ailleurs plutôt cher en magasin.
La solution au problème des "veaux d'un jour" pourrait résider dans un retour à des races plus naturelles, à double usage, mais les éleveurs sont attachés à leur race laitière. "Il y a bien des exploitations qui devraient se remettre en question", concède néanmoins Christophe Noël.
"Le problème n'est pas politique, il vient des acteurs du marché", dénonce de son côté Pierre-André Tombez, paysan et ancien président du syndicat Uniterre. "La pression sur les prix vient des grands distributeurs, qui ne sont pas représentés dans les filières la viande", a-t-il expliqué lundi dans l'émission Forum de la RTS.
Vers des "animaux-usine"?
Pour la Vert'libérale Isabelle Chevalley, le Conseil fédéral "n'a aucune compassion sur ce sujet" (lire ci-dessous). "Les chiffres aujourd'hui ne sont pas clairs (...) et on va vers des animaux-usine", dénonce-t-elle au micro de la RTS.
Ludovic Rocchi avec gchi
Des discussions en cours
Des discussions ont lieu en ce moment entre représentants de la filière du lait et de la viande, et une réunion est prévue avec la Protection suisse des animaux.
Du côté de Berne, la question a déjà suscité plusieurs interventions sous la coupole ces dernières années. Mais, jusqu'à maintenant, la Confédération s'est contentée de rappeler la loi, soit qu'aucune bête ne devrait être abattue avant sept jours en Suisse.