La dimension du marché de la prostitution en Suisse est "sensiblement plus faible" que ce qui est habituellement avancé, indique Martin Killias, coauteur de l'"Enquête sur l'étendue et la structure du marché du sexe en Suisse" (pdf en allemand), interrogé dans l'émission Forum.
Selon cette étude, parue dans le courant du mois dernier, le chiffre d'affaires du secteur se situe entre 500 millions et un milliard de francs. A titre de comparaison, la Banque nationale suisse (BNS), pour calculer le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse, se fonde sur un chiffre d'affaires de 3 milliards à 3,5 milliards.
Une activité souvent temporaire
L'enquête évalue entre 4000 et 8000 le nombre de "places de travail" de prostituées en Suisse. Selon Martin Killias, environ 6000 prostituées travaillaient en Suisse au début de cette année, un chiffre bien inférieur à ceux régulièrement avancés dans la presse, qui évoquent 20'000 à 25'000 travailleuses du sexe.
Ces deux estimations ne sont toutefois pas incompatibles, car l'activité est souvent temporaire, plusieurs femmes se partageant une place de travail. De nombreuses prostituées, "notamment d'Europe de l'Est", travaillent quelques semaines puis retournent dans leur pays, relève ainsi Martin Killias.
Prostitution et traite d'êtres humains
L'étude estime en outre que les cas de "prostitution forcée" sont relativement rares. Les prostituées travaillant dans la rue sont les plus exposées par la violence et l'exploitation, note l'étude, mais celles-ci ne représentent que 5% des personnes actives dans le secteur.
Martin Killias relève par ailleurs que les salons de massage et les clubs coquins, surtout ceux de taille majeure, sont "débordés" d'offres de travail de femmes "tout à fait volontaires", ce qui rend moins plausible l'engagement de prostituées soumises à des réseaux.
dk