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La clientèle chinoise boude les cliniques suisses

La clientèle chinoise boude les cliniques suisses
La clientèle chinoise boude les cliniques suisses / 19h30 / 4 min. / le 12 juillet 2015
En mars, Swissmedic et l’OFSP ouvraient des procédures à l’encontre de cliniques privées suisses actives dans les traitements anti-âge. Depuis, les agences de voyage constatent une diminution de la fréquentation.

Conjointement avec les cantons, Swissmedic et l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) annonçaient en mars avoir engagé des poursuites contre certains hôpitaux ou cliniques privées en Suisse qui proposent des thérapies à base de cellules fraîches. Illégales sans autorisation spécifique, ces thérapies sont potentiellement dangereuses pour la santé, notait alors Swissmedic dans un communiqué. Or, aucune n'a été autorisée en Suisse.

Ces offres sont particulièrement prisées des touristes en provenance de Chine, de Russie et du Moyen-Orient, relevait encore l'autorité de contrôle des produits thérapeutiques.

Quatre mois plus tard, les agences de voyage constatent une diminution de la fréquentation.

Seules 14 demandes en mai

Les demandes de visas pour séjour médical semblent confirmer cette tendance. Alors que la moyenne était de 68 par mois en 2014, on est passé de 56 en janvier 2015, à seulement 14 en mai, selon les derniers chiffres du Département fédéral des affaires étrangères. C’est sans compter les visas Schengen, dont on ne connaît pas la part de tourisme médical.

Xu Junhua, directeur de l’agence Swissna à Zurich voit deux explications: la Chine a lancé une vaste campagne anti-corruption, qui limite les possibilités de voyage de certaines grosses fortunes.

Des traitements illégaux

L’autre raison est l’enquête de Swissmedic et de l’OFSP. Selon ce spécialiste des voyages médicaux, "cette nouvelle a été mal comprise en Chine. Les médias ont dit que ces traitements étaient interdits en Suisse, ce qui n’est pas vrai".

A côté des cliniques bien établies, certains médecins proposeraient des traitements dans des chambres d'hôtel. Au total, 35 cliniques, dont 27 dans le Canton de Vaud, 6 en Valais, et 2 à Genève sont soumises aux investigations de l’OFSP et de Swissmedic. Elles ont dû préciser à l’autorité la nature de leurs traitements.

Laurent Dufour/sbad

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Un milliard de chiffre d'affaires par an

Les Chinois ne renoncent pas pour autant aux traitements anti-âge. Ils se rendent volontiers en Allemagne, en Australie et en Nouvelle-Zélande, où la situation juridique est plus claire et les tarifs plus bas.

Lorsqu'ils viennent en Suisse pour une semaine de séjour médical, les Chinois dépensent souvent 40 à 60'000 francs. Cette somme inclut le vol business, le séjour hôtelier, et un programme de traitements qui varie d’une clinique à l’autre.

Le voyage est souvent couronné par l’achat de montres de luxe. C’est donc toute la chaîne du tourisme qui s’inquiète de ce contexte défavorable. Selon certaines estimations, le tourisme médical chinois rapporterait en Suisse près d’un milliard de francs chaque année, tous secteurs confondus.

Vers une reconversion du business de l’anti-aging

Les Chinois rêvent de la jeunesse éternelle. C’est ce qui fait le succès des thérapies cellulaires anti-âge proposées dans les cliniques suisses. Mais le coup de balai voulu par Swissmedic et l’OFSP sème le doute au sein de la profession.

Directrice du secteur wellness de l’hôtel Mirador Kempinski au Mont-Pèlerin (VD), Charlotte Renaud-Boutilly estime que le marketing à l’intention des Chinois doit changer d’orientation. Elle prédit une évolution des demandes de cette clientèle, à l’image de celle des pays de l’Est, qui se ruait autrefois sur les traitements anti-âge.

"On voit que les Russes sont désormais moins friands des thérapies cellulaires. Ils préfèrent aujourd’hui des offres pour la perte de poids, le "détox", ou des packages pour traiter les troubles du sommeil".