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"La Suisse va continuer son travail discret mais très intense en Iran"

Yves Rossier, secrétaire d'Etat département fédéral des affaires étrangères (DFAE), lors d'une conférence de presse à Genève, le 17 décembre 2014. [Keystone - Martial Trezzini]
Yves Rossier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères / L'invité de la rédaction / 23 min. / le 28 juillet 2015
La signature de l'accord sur le nucléaire iranien ne va pas modifier le rôle de médiateur joué par la Suisse entre Washington et Téhéran, a indiqué mardi à la RTS le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères Yves Rossier.

Le 14 juillet dernier, après de très longs mois de négociations, l’Iran acceptait de réduire ses capacités nucléaires dites "sensibles" en échange d'une levée progressive des sanctions internationales.

Invité du Journal du matin de la RTS, Yves Rossier a rappelé que "le mandat de protection des intérêts américains allait continuer à être exercé tant que des relations diplomatiques ne sont pas mises en place" entre les Etats-Unis et l'Iran.

Une normalisation des relations qui pourrait prendre du temps selon lui. "Ni les Américains, ni les Iraniens n'en parlent. Il y a d'énormes traumatismes historiques", rappelle-t-il. "Notre travail est discret mais très intense, et avec l’entrée en vigueur de l’accord on aura probablement plus de travail dans les années à venir".

Des signaux positifs

Quant à savoir si l'Iran va réellement tout faire pour respecter l’accord sur l’utilisation de l’atome à des fins militaires, le diplomate - de retour de Téhéran - se veut plutôt optimiste. "L’accord est un texte fouillé, précis, qui fait plus de 150 pages. Il a été rédigé par des juristes formés aux Etats-Unis, tant du côté iranien ou américain. A Téhéran, il y a clairement un soutien, même au plus haut niveau, en l’occurrence celui du Guide suprême", indique le secrétaire d'Etat.

Yves Rossier rappelle cependant que les évènements à venir après l'entrée en vigueur de l'accord seront déterminants: "On a un pays de 70 millions d’habitants qui a prouvé qu'il pouvait être une force de nuisances. L’attente de la communauté internationale, c’est d’avoir un Iran plus coopératif dans toutes les questions de sécurité régionale sans parler de l’évolution interne du pays".

Reste que l'Iran ne modifiera pas, du jour au lendemain, sa politique. "Elle est d'abord fondée sur ses intérêts, comme celle de tous les Etats. Mais les signaux sont plutôt encourageants sur des dossiers comme la Syrie" par exemple, estime le secrétaire d'Etat.

Besoin d'expertise

Au niveau économique, la levée progressive des sanctions va ouvrir le marché iranien à l'extérieur. Un marché dont la Suisse pourrait profiter. Selon Yves Rossier, c'est aux firmes helvétiques de prendre les choses en main.

"Les Iraniens sont tout à fait en mesure de savoir quels partenariats ils chercheront. Ils n’auront certainement pas besoin d’argent mais d’expertise pour rattraper l'écart qui les sépare des autres nations, particulièrement dans le domaine des nouvelles technologies", conclut le diplomate.

>> A écouter: La censure sur Internet, un frein à la volonté d'ouverture économique de l'Iran? :

Le drapeau iranien.
La censure sur Internet, un frein à la volonté d'ouverture économique de l'Iran? / Le Journal du matin / 3 min. / le 28 juillet 2015

kg

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