Les universités se sont rendues compte du couac après avoir fait passer le test à plus de 3000 candidats aux études de médecine début juillet, rapporte mardi le Tages-Anzeiger, qui précise que c'est un des candidats qui a découvert l'affaire.
Le fait d'avoir annulé 10% environ de l'épreuve n'a prétérité aucun candidat, selon Swissuniversities, l'organe qui regroupe les universités et les hautes écoles de Suisse.
Sachant qu'il y avait déjà eu des fuites l'an dernier, Swissuniversities entend prendre des mesures pour renforcer la sécurité. Les mesures comprennent notamment la recherche d'éventuels stylo munis de caméras ou des lunettes capables de photographier les épreuves et, ainsi, de fournir des images que les participants pourraient revendre, selon le Tages-Anzeiger.
Enquête pénale ouverte
Interrogé par le quotidien, le directeur de l'institut qui prépare les étudiants aux examens d'entrée aux études de médecine dément avoir acheté des photos. Il affirme baser ses tests uniquement sur les descriptions fournies par d'anciens candidats, ainsi que par ses propres collaborateurs qui participent à l'épreuve afin de récolter des informations.
La justice argovienne n'a pas manqué d'ouvrir une enquête pénale pour violation du droit d'auteur et concurrence déloyale.
Un système "assez fantastiquement inadéquat"
Au micro de la RTS, l'ancien président de la Fédération des médecins suisses (FMH) et futur président de l'Organisation européenne des médecins, Jacques de Haller, a estimé mercredi que le système de sélection actuel était "assez fantastiquement inadéquat".
"On sélectionne les mauvais médecins", a-t-il dit, en dénonçant le fait qu'on choisit "des gens qui sont doués en physique, en arithmétique, qui savent répondre à des tests assez stupides, et pas du tout les médecins dont on à besoin". "On a surtout besoin de gens qui savent communiquer avec les gens, qui savent les comprendre (...), et ceux-là on les laisse de côté", a-t-il ajouté.
Coralie Claude/hend
Numerus clausus, "un système qu'il faut abolir"
Pour sa formation des candidats aux études en médecine, l'institut privé demande près de 1400 francs pour cinq jours de cours, selon le Tages-Anzeiger. Ce dernier précise que quelque 500 étudiants y participent chaque année.
L'investissement serait rentable, avec un taux de réussite de 90% à l'examen d'entrée. De quoi faire dire à l'UNES, l'union des étudiants de suisse, que le numerus clausus est un système à deux vitesses qu'il faut abolir.