Alors qu'un vent de libéralisation souffle sur la politique agricole européenne et suscite la crainte des agriculteurs, Yvan Droz, anthropologue et enseignant à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève, rappelle que l'agriculture suisse a déjà subi ces transformations il y a une dizaine d'années.
Invité du Journal du Matin, le spécialiste du monde agricole souligne que la politique agricole suisse permet de présager de ce que deviendra la politique agricole commune.
La Suisse pionnière
"Le passage des subventions aux paiements directs est tout à fait pionnier, aussi dans les conditions qui sont mises pour le paiement direct par rapport aux conditions de production, en particulier écologiques", indique Yvan Droz.
La modification du mode de soutien financier au monde agricole n'a pas entraîné de baisse de qualité, au contraire."On a affaire à une production d'excellente qualité en Suisse, qui ne s'est peut-être pas assez vendue avec cet argument."
Avec les changements prévus dans la politique agricole commune de l'Union européenne, des conditions écologiques vont être introduites pour l'octroi de paiements directs.
Eric Butticaz
Toujours moins d'exploitations agricoles, mais le bio progresse
La Suisse recense toujours moins d'exploitations agricoles, en reflux de 2,1% en 2014 par rapport à l'année précédente. Mais la culture biologique progresse. Elle est désormais pratiquée dans près de 11,5% des domaines.
Selon le relevé annuel publié mardi par l'Office fédéral de la statistique (OFS), l'an dernier s'inscrit dans la continuité: plus de trois exploitations disparaissent chaque jour. Le nombre total s'est fixé à 54'046 unités. Depuis 1985, près de la moitié ont disparu.
La production "bio" séduit toujours davantage de paysans. Elle couvre près de 134'000 hectares dans 6195 domaines, soit 2,4% de plus qu'en 2013. Les éleveurs font également honneur à cette philosophie: 13% des fermes avec bétail la mettent en oeuvre.