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"Il faut construire des villages entiers de réfugiés en Suisse"

Francis Charmillot, directeur de l'Association jurassienne d'accueil des migrants (AJAM). [RTS]
Migrants: interview de Francis Charmillot de l'AJAM / Le Journal du matin / 7 min. / le 27 août 2015
Chargé de l'accueil des requérants dans le Jura, Francis Charmillot propose de construire des villages entiers pour faire face à leur afflux. Il s'en est expliqué jeudi dans Le Journal du matin de la RTS.

"Notre pays a des ressources et des moyens pour faire face à des situations extraordinaires, mais c'est au niveau de la méthode qu'il faut revoir les choses", explique le directeur de l'Association jurassienne d'accueil des migrants (AJAM).

Francis Charmillot estime que le système a montré ses limites avec la loi actuelle "qui fait déverser les personnes dans les cantons au prorata des personnes qui arrivent est la règle du jeu. La Confédération, je dirais, repose le problème sur les cantons. Elle a ses places fédérales et attribue les gens dans les cantons qui doivent se débrouiller".

La Suisse en "état de guerre"

Ce professionnel de l'accueil estime qu'il faut partir vers une autre logique: "Je pense qu'on est un peu en état de guerre", dit-il, en s'excusant de tels propos. "Ca n'arrête pas d'arriver, d'arriver… On cherche des solutions provisoires, on ouvre des abris partout. Les abris PC, c'est certainement une réponse qu'il faut utiliser (…) mais ça ne pourra pas durer sur le long terme, il faut imaginer les choses autrement".

De grands villages de containers

Et de proposer la création de véritables camps d'accueil: "Le 80-90% des réfugiés dans le monde sont aujourd'hui dans des camps, au Liban, en Jordanie notamment. Ici, on aurait les moyens de préparer 10'000, 30'000, 40'000 places". Pour ce faire, Francis Charmillot propose d'acheter par exemple 20'000 ou 30'000 containers, "pas des tentes", précise-t-il.

"On a les moyens de faire quelques grands villages ou quelques petites villes. Et pour faire baisser les coûts, il faut faire intervenir la Protection civile, l'armée, pour gérer ces structures de façon décente, avec une prise en charge des enfants, une hygiène correctes". Le directeur de l'AJAM estime qu'il faut se préparer ainsi aux 30'000 à 40'000 arrivées supplémentaires d'ici un an.

Population et migrants prêts à accepter de tels camps?

"On sait qu'on ne peut pas maintenir des centaines, des milliers de gens en abris PC pendant des années", souligne Francis Charmillot. "Donc, si on construit des villages à l'air libre, bien structurés, bien encadrés sur le plan sanitaire, on a plus de chances de faire quelque chose qui tienne la route et qui accueille mieux les gens. Et je pense qu'à terme, la population suisse sera plus prête à imaginer les choses de cette manière-là (…). Il y a donc des réponses à donner, mais dans le respect des personnes! Je pense qu'on peut faire quelque chose de bien!"

oang

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