D'importants fonds privés, à l'instar de la fondation Bill et Melinda Gates, financent depuis une quinzaine d'années la vaccination de plus de 85% des enfants dans le monde, faisant doubler le nombre de pays qui vaccinent une telle proportion d'enfants, selon les statistiques de l'OMS. Or, si la demande augmente, l'offre n'évolue pas.
L'industrie ne suit pas
A la question d'une possible augmentation de la production, GlaxoSmithKline (GSK), l'un des principaux producteurs de vaccins, répond par écrit que la demande de vaccins excède ses capacités de production et que cela restera le cas dans un futur proche. En clair, il n'est pas prévu d'investir pour de vieux vaccins qui rapportent peu.
"Imaginer qu'on puisse se trouver sans ces vaccins parce que l'intérêt financier derrière n'est plus là ou que ce n'est plus rentable c'est quelque chose qui fait froid dans le dos", estime le docteur Pascal Stucki, interrogé pour le 19h30.
Des problèmes de qualité
Des problèmes de qualité ont en outre entraîné le retrait de certains lots, affirment certains producteurs.
Le groupe français Sanofi a notamment évoqué des problèmes sur la chaîne de production, selon le quotidien Le Monde.
Lison Méric/cab/mac
Pentavac et Infanrix concernés au premier chef
Le Pentavac, produit par le français Sanofi Pasteur MSD, qui protège notamment contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la coqueluche, n'est plus disponible en Suisse depuis le milieu de l'été, selon ce tableau du site Infovac.
Plusieurs des vaccins Infanrix, des produits alternatifs de GSK, sont également en rupture de stock.
Les efforts de la Suisse
La Suisse manque de leviers pour obliger les pharmas à assurer l'approvisionnement. L'Office fédéral de la santé publique (OFAS) a indiqué vouloir mettre en place une centrale d'annonce, contraignant les firmes à annoncer précocement les perspectives de pénuries afin de pouvoir prendre rapidement des mesures, comme l'importation d'un produit alternatif.
Dans un bulletin daté de novembre 2014, l'OFSP s'inquiétait déjà des risques de pénurie de certains vaccins.
Une problématique liée à l’augmentation de la demande, mais aussi à une "concentration de la production qui a créé des monopoles ou des oligopoles de fait", indiquait l'Office.
Alors que les entreprises font face à des exigences toujours plus strictes, l’industrie pharmaceutique n’a pas toujours investi suffisamment dans la modernisation d’installations pour des raisons économiques, ajoutait alors l'OFSP.