Concrètement, cela veut dire que l'Union suisse des arts et métiers (USAM) ne participera plus aux séances du comité directeur d'Economiesuisse. C'est la fin d'une longue tradition qui voulait que le président de l'USAM assiste, en tant qu'invité, à ces séances qui réunissent une vingtaine de membres pour prendre des décisions stratégiques.
Officiellement, Economiesuisse a pris cette décision durant l'été pour gagner en efficacité et renforcer la collaboration au sein d'un nouveau comité stratégique qui réunira deux fois par année, au minimum, Heinz Karrer, président d'Economiesuisse, Jean-François Rime, président de l'USAM, et Valentin Vogt, président de l'Union patronale.
Trois hommes qui seront désormais sur un pied d'égalité, qui pourront discuter de façon informelle et s’accorder sur les stratégies de campagne. Cela évitera que chacun parle de son côté, précise-t-on chez Economiesuisse.
Tensions depuis le 9 février
Mais cette réorganisation n’est pas un hasard. Pour certains parlementaires, elle témoigne d’un malaise. Depuis l'acceptation de l'initiative contre l'immigration de masse, les relations entre Economiesuisse et l'USAM sont tendues. La campagne autour de la Loi sur la radio et la télévision (LRTV), combattue par l’USAM et soutenue par Economiesuisse, n’a rien arrangé.
Certains élus et membres de diverses associations économiques accusent Jean-François Rime d'utiliser la présidence de l'USAM pour servir les intérêts de l'UDC avant ceux de l'économie, voire de transmettre des informations stratégiques à son parti. Cette réorganisation serait donc aussi un moyen de neutraliser diplomatiquement l’élu fribourgeois.
Contacté par la RTS, ce dernier relativise et n'a pas l'impression d'avoir été mis à l'écart. Il estime qu'il ne sera pas privé pour autant des informations stratégiques puisqu’il continuera de collaborer avec son homologue d’Economiesuisse. Quant à la directrice de l’organisation, Monika Rühl, elle n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet.
Coralie Claude