Face à l'effondrement des prix de la betterave, passé de plus de 1000 francs la tonne en 2007 à un prix estimé inférieur à 600 francs en 2016, la branche du sucre se mobilise pour éviter la mort annoncée du sucre suisse. Elle demande donc une meilleure protection douanière à la Confédération.
Les producteurs de betteraves hésitent même à abandonner ce type de culture. Blaise Duc, agriculteur à Forel (FR), estime avec amertume que les prix proposés pour 2016 ne sont "même plus viables". Et le prix prévu ne lui laissera que "5 ou 6 francs de l’heure pour faire tout le travail pendant toute l’année."
Surproduction au niveau mondial
En deux ans, les revenus des producteurs suisses se sont effondrés de 30%. En cause, une surproduction au niveau mondial. Et à l’abandon par l'Union européenne des quotas de production dès 2017.
L'industrie alimentaire suisse réclame un prix du sucre adapté aux prix européens, explique le directeur de la sucrerie d'Aarberg (BE): "Notre industrie alimentaire est liée avec l’Europe. Elle doit exporter son chocolat en Europe ou les autres produits. Donc elle nous réclame les mêmes prix qu’en Europe."
Le sucre suisse est donc en péril. Au pied du mur, 2000 betteraviers ont manifesté la semaine passée. Ils proposent une solution pour éviter cette issue, une taxe plus lourde sur le sucre qui est importé en Suisse.
"Actuellement, nos clients les plus importants comme Nestlé reçoivent des offres de l’Union européenne pour 400 francs la tonne", indique Ueli Brauen, organisateur de la manifestation de Kirchberg la semaine passée. "L’idée serait d’augmenter les droits de douane pour arriver à 600 francs. Dans ces conditions, nous pourrions accorder un prix correct aux producteurs pour qu’ils continuent à produire. »
Une solution qui permettrait selon les producteurs de sauver 20'000 hectares de culture et 300 emplois dans les sucreries d’Aarberg et de Frauenfeld, sans contrevenir aux accords de l’OMC.
Nicolas Beer/ebz