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"De nombreux Suisses sont partis faire la guerre au nom de l'Occident"

Daniel de Roulet photo fournie par les éditions buchet-chastel littérature livre écrivain [www.buchetchastel.fr]
La grande interview politique du dimanche / Forum / 12 min. / le 20 septembre 2015
L'écrivain Daniel de Roulet remet en question l'attitude de la Suisse face à son émigration et au djihad dans un entretien accordé à Forum dimanche. Il plaide aussi pour une ouverture totale des frontières.

L’auteur de "Tous les lointains sont bleus", son dernier ouvrage, revient sur son passé de "terroriste" pour comprendre l’engagement des jeunes enrôlés aujourd'hui dans l’islamisme radical.

>> Ecoutez l'intégralité de l'interview sur RTS La Première à 18h45

Dans les années 1970, Daniel de Roulet avait mis le feu au chalet du magnat de la presse allemande, Axel Springer, suspecté alors d’être un ancien nazi. L’écrivain, qui ne fut jamais pris, avouera des années plus tard son acte dans une publication.

Engagement contestable

Il compare pour Forum, l’action des "terroristes" d’ultra-gauche des années 1970 avec les jeunes engagés aujourd'hui dans le djihad. Mais c’est surtout l’enrôlement "massif" des Suisses autrefois dans les armées étrangères qui est, selon Daniel de Roulet, sujet à polémique.

L’écrivain relève l’attitude hautement contestable, selon lui, de célébrités comme Blaise Cendrars ou Michel Viala, parti combattre en Algérie du côté français. Il relève la motivation, selon lui première, de tous ces hommes "de porter dans le sang les valeurs de la civilisation occidentale, sinon du christianisme".    

"La libre circulation des corps"

A l’auteur de fictions, Forum a demandé des scénarios d’anticipation sur la gestion des réfugiés par l’Europe. S’il n’exclut pas le pire, la guerre et la montée des "nationalismes en tous genre, à tous les niveaux", Daniel de Roulet fait plutôt confiance à l’humanité pour aller vers davantage d'ouverture.

C’est d’ailleurs le voeu et le combat de ce militant qui prône "la libre circulation des corps tout comme on a déjà aujourd'hui celles des capitaux et de l'information".

Laetitia Guinand

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Critique contre le discours univoque des médias

Daniel de Roulet vient de publier "Tous les lointains sont bleus", qui compile quarante ans de chroniques. Certaines recèlent une actualité brûlante comme son voyage en Turquie dans les années 1970. Une nuit passée près de la frontière, il est réveillé par des cris qui se révèlent être ceux de migrants kurdes torturés par la police locale. "Peu de choses ont changé depuis", regrette l’auteur en évoquant la mort du petit Aylan retrouvé noyé sur une plage de Turquie.

Reporter-écrivain de terrain pour alimenter ses chroniques, Daniel de Roulet commente aussi le travail du journaliste, qu'il ne trouve plus physiquement assez "engagé". Même s'il admet que c'est une attitude difficile à adopter lorsque l’on risque, comme c’est le cas aujourd'hui, réellement sa tête. Il dénonce aussi le mainstream des médias qui produisent des récits univoques, propres à encourager le radicalisme en manière d’opposition.