La Suisse est le seul pays au monde ayant suivi les recommandations de l'Unesco de se doter d'un lieu pour accueillir les biens culturels en danger. Ce refuge, ou "safe haven", est situé au sud de Zurich: "C'est un ancien dépôt de munitions qui a été réaménagé et qui offre toutes les bonnes conditions de sécurité et les bonnes conditions climatiques", explique l'historienne Eveline Maradan, en charge de la protection des biens culturels à l'Office fédéral de la culture.
"D'autre part, dit-elle, (ce dépôt) se trouve à proximité des ateliers des restaurateurs du Musée national suisse. Il offre ainsi les meilleures conditions de prises en charge".
"La Suisse aurait pu accueillir les trésors de Palmyre"
C'est aux pays dont le patrimoine est menacé de s'entendre avec la Suisse en vue d'éventuels transferts d'objets. Ce qui peut s'avérer compliqué, surtout dans le cas de pays qui sont livrés au chaos, tels que la Syrie et ses trésors du site de Palmyre: "Si la République arabe syrienne en avait fait demande s'eut été possible. Mais dans la mesure où le pays est en forte difficulté, on peut se demander s'il a eu le temps d'y penser", rapporte Eveline Maradan.
Pour l'heure, aucun pays n'a encore pris contact avec la Confédération. L'historienne n'en reste pas moins convaincue que le "safe haven" zurichois pourrait bientôt servir: "Nous sommes au début d'un processus (...) les conditions existent et nous pouvons imaginer que prochainement nous aurons des demandes, car l'Unesco va faire connaître cette possibilité".
Dans cette volonté de communication, un colloque international a été organisé à Berne la semaine dernière. L'Allemagne, la Belgique, l'Autriche et la France ont montré de l'intérêt.
Renaud Malik/hend
Oeuvres du Musée du Prado exposés à Genève
De mémoire de spécialiste, la Suisse a déjà accueilli du patrimoine en péril par deux fois dans le passé: "Lors de la guerre civile espagnole dans les années 1930, des chefs-d'oeuvre du Musée du Prado ont été transporté par train de Madrid à Genève. Ils ont ensuite été exposés au Musée d'Art et d'histoire de Genève dans les années 1930", rapporte Marc-André Renold de l'université de Genève.
Celui-ci a connaissance d'un deuxième cas, plus récent, au Musée afghan de Bubendorf, près de Bâle: "Des particuliers ont décidé de sauver des biens culturels provenant d'Afghanistan et lorsque l'Unesco a constaté que il y avait moins de risques pour ces objets, ceux-ci ont été retournés et se trouvent au Musée de Kaboul".