"Dans les études sur les humains, il y a suspicion d'un effet cancérigène, ce qui veut dire qu'il y a une corrélation entre cancer et glyphosate impossible à expliquer par d'autre raisons. Il y a des tumeurs dans plus d'une étude animale, ce qui donne des preuves suffisantes (...)", a détaillé à la RTS Kathryn Guyton, toxicologue au Centre international de recherche sur le cancer à Lyon, une agence de l’OMS.
Indirectement subventionné en Suisse
Le glyphosate est notamment contenu dans le produit-phare mais très décrié du géant américain Monsanto, le Roundup, et aussi dans une centaine d’autres herbicides. En Suisse, ils sont homologués par l'Office fédéral de l'agriculture.
Cette substance est également l’herbicide le plus utilisé par les agriculteurs suisses. Son usage est même indirectement subventionné par la politique agricole de la Confédération, dans le cadre d’une nouvelle méthode de culture sans labour. Cette méthode, appelée le semis direct, permet de lutter contre l’érosion mais elle est associée à l’utilisation de glyphosate.
Des Romands exposés de manière "permanente"
La classification du glyphosate en tant que cancérigène probable est inquiétante, surtout lorsque l'on sait qu’il peut se retrouver dans notre corps par le biais de l'alimentation. Une étude menée dans 18 pays européens a trouvé des traces du produit dans l'urine de près de la moitié des personnes testées.
L'émission A Bon Entendeur a réalisé son propre test en Suisse romande. Résultat: 37,5% des volontaires ont des traces de gylphosate dans leur urine, à des quantités comprises entre 0,1 et 1,55 microgramme par litre.
Cela devient légitime et même urgent de faire une évaluation complète des impacts potentiels du glyphosate sur l'homme et sur l'environnement en général
"Le gylphosate, lorsqu'il est ingéré, ne va pas rester très longtemps dans le corps. Il est éliminé relativement rapidement, après un ou deux jours. Cela veut dire que si l'on en trouve à hauteur de 40% des gens testés, c'est que cette population est alimentée en glyphosate de manière chronique, permanente", analyse Vincent Perret, toxicologue indépendant.
Problème de santé public "urgent"
Au vu de ces résultats, faudrait-il aujourd'hui revoir l'homologation de ce produit? Pour Vincent Perret, il s'agit clairement d'un problème de santé publique. "Il n'apparaît pas comme étant fortement toxique, il est omniprésent, il est partout, (...). Cela devient légitime et même urgent de faire une évaluation complète des impacts potentiels de ses composés sur l'homme et sur l'environnement en général", souligne-t-il.
>> Reportages et test complets dans A Bon Entendeur, mardi dès 20h10 sur RTSUn
Françoise Weilhammer/jvia
De la "science-poubelle", pour Monsanto
L'annonce du Centre international de recherche sur le cancer avait provoqué une onde de choc dans le monde de l'agriculture et notamment chez Monsanto, qui avait qualifié la classification des experts de l'OMS de "science-poubelle".
"Le produit ne présente pas d'effet inacceptable pour la santé et l'environnement, c'est la réponse que l'on peut faire", a répondu Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles de Monsanto, à la RTS, qui lui demandait s'il pouvait garantir, en tant que fabricant, que le produit était inoffensif pour la santé humaine.
Méthodologie du test d'A Bon Entendeur
A Bon Entendeur a demandé à 40 Romands de livrer un échantillon de leur urine. Il s'agit de volontaires choisis dans plusieurs cantons, en ville et à la campagne, et qui dans leur grande majorité ne mangent pas bio.
Les échantillons ont ensuite été analysés par un laboratoire médical spécialisé au nord de l'Allemagne, afin d'y détecter la présence ou non de glyphosate.
Les résultats ont ensuite été soumis à un toxicologue indépendant, Vincent Perret.