L'exemple remonte à 2014. Des parents vaudois emmènent leur fils à la Coupe Davis malgré l'interdiction de l'école. Le directeur, qui a déjà accordé trois congés à l'enfant en deux ans, met son veto pour cette quatrième demande. Pour lui avoir désobéi, le couple de trentenaires écope de deux ordonnances pénales et de 400 francs d'amende. Et ce cas n'est pas isolé.
Dans le canton de Vaud, les préfets ont remis l'an dernier 322 contraventions pour des congés non accordés, des absences injustifiées ou des arrivées tardives. Les amendes infligées s'élevaient en moyenne à quelques centaines de francs.
Des amendes progressives
A Genève, le Département de l'instruction publique a édicté des règles strictes à la rentrée 2015 pour "assurer une présence des élèves en classe et garantir leurs apprentissages dans le cadre de l'école obligatoire". Des amendes progressives ont même été instaurées: 150 francs à la première absence, 350 francs à la seconde et 1200 francs à la troisième.
Quant au canton de Fribourg, la direction des établissements ou les inspecteurs scolaires peuvent dénoncer les cas litigieux au préfet qui fixe alors une amende dans une fourchette allant de 100 à 5000 francs.
Les "Jokertage" à l'école
Cette sévérité, justifiée aux yeux des responsables des départements de l'Instruction publique romands, peut choquer outre-Sarine. Si l'absentéisme pour une longue période n'est évidemment pas toléré, une marge de manoeuvre existe. De fait, 15 cantons - tous alémaniques à l'exception du Jura - autorisent les parents à prendre un à plusieurs jours de congé sans justification.
Appelés "Jokertage", ou "jours joker", ces congés autorisés vont de deux demi-journées par an, dans le Jura et à Saint-Gall, à deux jours par an pour Bâle, Lucerne, Soleure, Schaffhouse, Uri et Zurich, et même trois jours dans les Grisons.
Véritables variables d'ajustement, ces journées illustrent à elles seules une différence de mentalité notoire dans le rapport à l'école. D'un côté de la Sarine, la liberté individuelle est favorisée, de l'autre, c'est plutôt l'obéissance à l'Etat.
Liberté individuelle vs "raisons valables"
Peu importe que l'enfant rate l'école pour partir en week-end prolongé ou pour aller voir un proche malade, explique-t-on à Berne, alors qu'à Fribourg, où la loi scolaire est en train d'être révisée, on continuera à réclamer "des raisons valables" pour justifier l'absentéisme.
A l'heure des départs en vacances d'automne dans plusieurs cantons, le message a le mérite d'être clair.
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Juliette Galeazzi avec Emmanuelle Jaquet