En pleine crise des migrants, la Suisse serre la vis concernant les requérants d'asile érythréens. De 24 cas enregistrés en juin, le nombre de non-entrée en matière a passé à près de 800 en septembre, selon des chiffres du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) révélés par la RTS.
Selon les accords de Dublin, c'est à l'Italie, premier point de passage européen de la plupart des requérants d'asile érythréens, de traiter leurs demandes. Problème: Rome croule déjà sous l'afflux de migrants, et l'assistance manque.
Deux raisons
A Berne, on assume et on avance deux raisons à cette hausse spectaculaire des demandes de transferts vers Rome. "Premièrement, il y a eu une augmentation importante d'Erythréens arrivés en Suisse cet été et qui venaient d'Italie. Par conséquent, c'est l'Italie qui se doit de gérer leurs demandes d'asile, en vertu des accords de Dublin", indique Céline Kohlprath, porte-parole du SEM.
Et deuxièmement, l'Italie a accepté de reprendre sur son sol ces requérants, même plus nombreux, indique le SEM.
Martine Clerc/asch
"Il y a dû y avoir un deal"
La conseillère nationale Cesla Amarelle (PS/VD), spécialiste des migrations, n'est pas convaincue par les explications "partielles" du SEM. "Il y a très probablement dû y avoir un deal, qu'il soit financier ou politique, pour que l'Italie accepte encore les transferts Dublin de la Suisse vers l'Italie. Parce que ce pays est totalement saturé et que la Suisse ne l'est pas du tout", avance la socialiste.
En clair: La Suisse aurait donné des gages à l'Italie pour qu'elle reprenne ces migrants érythréens. Une hypothèse vigoureusement balayée par le Secrétariat d'Etat aux migrations.
Défenseurs des migrants "dépassés"
Aldo Brina, responsable du centre social protestant de Genève, a confié son inquiétude à la RTS. "Nous sommes dépassés, ce d'autant plus que nous ne disposons que de cinq jours pour faire recours", explique-t-il.
Des craintes qui trouvent écho chez les premiers concernés, les requérants érythréens récemment arrivés en Suisse. "Si on avait la paix dans notre pays, on serait restés. On a traversé toutes les épreuves de l'exil et on pensait pouvoir se reconstruire ici. Mais ce n'est pas fini", confie l'un d'entre eux.