Seule raffinerie encore en exploitation en Suisse depuis la fermeture du site de Collombey, en Valais, Cressier fournit en volume le quart de l'ensemble des produits raffinés vendus en Suisse. Mais comme l'a révélé en fin de semaine dernière la radio neuchâteloise RTN, elle se trouve à l'arrêt depuis mercredi soir. En raison, a priori, d'une fuite de pétrole dans un échangeur de chaleur, avec pour conséquence un arrêt temporaire de la production.
Impossible dès lors de commander les carburants souhaités: contactées, certaines entreprises ont avoué à la RTS craindre une pénurie et devoir vivre - ou vivoter - les prochaines semaines avec leurs maigres stocks existants. Des distributeurs de combustibles auraient même décidé de s'approvisionner en Italie.
Des millions de litres mis sur le marché
L'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays a toutefois agi, a déclaré lundi à la RTS Lucio Gastaldi, le chef de sa section "réserves obligatoires". L'OFAE a rencontré la branche vendredi dernier déjà, et après une dernière analyse de la situation lundi, il a décidé de prendre des mesures immédiates.
Il va ainsi mettre sur le marché 50 millions de litres de diesel et 40 millions de litres d'essence, ce qui devrait suffire pour les dix prochains jours, le temps que Cressier redémarre. Les entreprises du secteur seront informées entre lundi soir et mardi matin. Elles pourront ensuite communiquer leurs besoins directement à Carbura, l'organisation d'entraide des importateurs de carburants et combustibles liquides, supervisée par la Confédération.
La panne de Cressier n'est pas la seule raison
Le niveau actuel très bas du Rhin, et un réseau ferroviaire allemand surchargé, qui pénalisent le transport et donc les importations de carburants, ont également un impact sur les difficultés d'approvisionnement. Mais la Confédération se veut rassurante: il n'y a pas de risque de pénurie. Les volumes mis sur le marché représentent entre 2,5% et 4,5% des réserves. Et si, pour une raison ou une autre, les niveaux de production et d'importation devaient être ramenés à zéro, la Suisse pourrait tenir quatre mois et demi.
La dernière intervention massive de ce type remonte à novembre 2010, quand une grève générale en France avait bloqué la livraison de carburant destiné à l'aéroport international de Genève.
Olivier Schorderet/jzim