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La presse inquiète pour la collégialité après le retrait de Widmer-Schlumpf

La presse s'interroge après le retrait de Widmer-Schlumpf
La presse s'interroge après le retrait de Widmer-Schlumpf / 12h45 / 2 min. / le 29 octobre 2015
La presse, qui rend hommage à Eveline Widmer-Schlumpf au lendemain de l'annonce de son départ, ne doute plus qu'un élu UDC la remplacera. Les journaux romands craignent déjà une perte de collégialité au Conseil fédéral.

En huit ans au gouvernement, Eveline Widmer-Schlumpf "a certes prouvé que, comme le bouquetin des Grisons, elle savait se battre - contre l'UDC, contre des banquiers véreux, contre les modes en politique", écrit La Liberté. "Contre les évidences et les chiffres, en revanche, la pragmatique comptable en chef de la Confédération se savait en passe d'être vaincue", souligne-t-elle.

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A l'image d'autres collègues romands, le quotidien fribourgeois s'inquiète du comportement de l'UDC dans les semaines à venir: "Comment croire que le loup puisse se transformer en agneau? Pourquoi abandonnerait-il la stratégie qui a fait son succès, deux pattes dans la bergerie et deux au-dehors?", questionne le journal, selon lequel "derrière les agneaux se terrent les moutons noirs".

Pour le Courrier, le mal est déjà fait. "La Suisse en a pris pour quatre ans de politique réactionnaire et antisociale", estime-t-il. Mais le journal appelle à ne pas céder, à "exploiter les failles de la nouvelle majorité PLR-UDC et redonner espoir "à l'électorat naturel de la gauche", grâce entre autres à un discours autonome sur le dossier fiscal et en se montrant intransigeant sur le nucléaire.

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"Francs-tireurs" redoutés

Si la Grisonne s'en va avec le sentiment du devoir accompli, c'est aussi qu'elle doute de la valeur ajoutée qu'elle pourrait encore apporter dans un contexte moins enclin aux compromis", note pour sa part 24 Heures. Car "les nouveaux rapports de force aussi bien au Parlement qu'au gouvernement rendront plus ardue encore" la recherche du consensus, complète La Tribune de Genève.

"Un remake de la période Blocher au Conseil fédéral doit être épargné aux Suisses", ajoute cette dernière, rappelant que les Helvètes "ont voté pour des formations autres que l'UDC à une majorité écrasante". Si bien que l'UDC est aujourd'hui "confrontée à la responsabilité de désigner un ou plusieurs candidats qui ne joueront pas les francs-tireurs une fois élus".

Pour le Journal du Jura, "on peut admettre qu'il faut deux UDC au Conseil fédéral, mais deux UDC prêts à reconnaître qu'on peut s'ouvrir au monde sans aliéner les intérêts de la partie". Et d'ajouter également: "ce ne sont pas les déclarations du président du PDC" en faveur d'un deuxième UDC au gouvernement dans la presse dominicale qui allaient convaincre Mme Widmer-Schlumpf de rester.

Le PDC, ce "complice"

L'Express et L'Impartial soulignent eux aussi la responsabilité du PDC, qui ne veut "pas se fâcher avec la nouvelle majorité de droite du National". Comme lors de la victoire de Christoph Blocher face à Ruth Metzler en 2003, quand plusieurs parlementaires démocrates-chrétiens avaient fait pencher le vote en faveur du candidat UDC, "le PDC s'est rendu complice d'un bien mauvais coup".

D'après les quotidiens neuchâtelois, l'UDC va probablement "envoyer au gouvernement un pur et dur, prêt cependant à s'adapter à la collégialité". Le choix indiquera "la manière dont le parti vainqueur des élections veut appliquer ses slogans à l’aune de la réalité collégiale et confédérale de la Suisse", ajoute Le Matin.

Le Nouvelliste constate pour sa part que le départ d'Eveline Widmer-Schlumpf "sonne le glas d'une stratégie". Et d'avouer que "l'affaiblissement du centre ne permettait plus guère de défendre" la formule arithmétique qui régit la composition du Conseil fédéral par une logique des blocs politiques (trois sièges à la droite, deux au centre et deux à la gauche).

Rien que du show?

Outre-Sarine, on épargne le PDC et on paraît moins inquiet qu'en Suisse romande. Les journaux alémaniques demandent toutefois à l'UDC, à l'image du Tages-Anzeiger, de se montrer raisonnable dans le choix de son ou ses candidats: "qui amasse 30% des voix prend ses responsabilités et ne se comporte plus en tant qu'opposition, même si c'est cette attitude qui a en grande partie fait son succès".

La Neue Zürcher Zeitung espère découvrir des candidats "qui, conscients de leurs responsabilités, veulent co-gouverner" et pas des petits soldats qui sont "des postes d'espionnage de leur parti au Conseil fédéral". Un choix qui montrera si la retenue de l'UDC ces derniers jours n'était que du show ou si le parti veut vraiment participer au pouvoir, ajoute de son côté la Berner Zeitung.

ats/ebz

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