"J’ai vécu ces moments assez mal, confie le chef du Département fédéral de l'intérieur à la RTS. La première impression fut une sorte d’incrédulité. On se dit que ce n’est pas possible... Puis vient le temps de la réflexion."
Comment maintenir le lien social après l’attaque de lieux de vie comme le Stade de France, le Bataclan ou les terrasses? Pour Alain Berset, un des risques serait de remettre en cause, de manière rampante, le système de fonctionnement de l’Occident et de la Suisse.
Pas de mesures symboliques
Lorsqu’on lui demande comment répondre à l’angoisse des citoyens, Alain Berset est catégorique: " Si nous avons peur, si nous laissons ces événements influencer notre mode de vie - le fait de se rencontrer, de se parler, de se connaître -, c’est que les terroristes ont gagné. Nous devons résister à cela". Pour lui, "les terroristes recherchent la destruction du lien social dans notre propre société".
Le ministre de l'Intérieur se dit également préoccupé par les réactions parfois brutales sur les réseaux sociaux, notamment celles qui visent les migrants et la communauté musulmane.
Mais le socialiste estime aussi que l’Occident et la Suisse doivent tirer les enseignements de ces tragiques événements. "Il faut se poser la question de la sécurité, en limitant le moins possible les libertés".
La Suisse, "modèle d'intégration"
Pour Alain Berset, ces attentats "font bouger le curseur de la sécurité". Il ne suffit pas pour autant de prendre des mesures symboliques. "Ce qui compte, c’est l’augmentation réelle de la sécurité, pas l’augmentation du sentiment de sécurité", tient à préciser le conseiller fédéral.
"Notre force, c’est le modèle suisse, c’est le modèle d’intégration. Et cela a beaucoup à faire avec le fédéralisme. Si nous étions un pays centralisé, ce serait beaucoup plus compliqué. On aurait des sociétés parallèles qui vivraient séparées. On aurait des ghettos.", affirme le socialiste.
Nadine Haltiner