Depuis 2005, la Fondation Faber, à Lausanne, où s'est rendu Mise au Point, a analysé le sperme de près de 3000 recrues suisses, avec des résultats inquiétants: 23% des testés, soit un volontaire sur quatre, souffre d'une fertilité réduite, liée à une trop faible concentration de spermatozoïdes.
La norme de l'Organisation mondiale de la Santé est de 15 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme.
L'étude analyse aussi le nombre, la mobilité et la qualité des spermatozoïdes. Or, 56% des hommes testés n'atteignent pas les valeurs normales pour ces critères, expliquait le responsable de projet, Alfred Senn, au SonntagsBlick en février.
Donneurs recalés
On retient seulement un quart des donneurs volontaires. Les autres sont recalés à cause d'une trop mauvaise qualité du spermeFabien Murisier, directeur scientifique du centre de procréation médicale assistée de Lausanne
"On retient seulement un quart des donneurs volontaires. Les autres sont recalés à cause d'une trop mauvaise qualité du sperme", a expliqué Fabien Murisier, directeur scientifique du plus grand centre de procréation médicale assistée de Suisse, à Lausanne, dans Mise au Point.
Et le problème est mondial. Une comparaison mondiale de l'institut danois Niels Jorgensen montre qu'en 20 ans environ, la fertilité a diminué d'un tiers en France, de 17% en Finlande ou de 14% en Espagne. "Les personnes nées dans les années 50 avaient une bien meilleure qualité de sperme que celles nées dans les années 70 ou 80. On passe d'environ 60 millions de spermatozoïdes par millilitre à 20 millions", précise Alfred Senn.
Les personnes nées dans les années 50 avaient une bien meilleure qualité de sperme que celles nées dans les années 70 ou 80. On passe d'environ 60 millions de spermatozoïdes par mililitre à 20 millions
Produits toxiques
Plusieurs études expliquent en partie la baisse de qualité du sperme par l'exposition quotidienne - et souvent involontaire - de l'être humain aux produits toxiques pour l'environnement (lire par exemple: La qualité du sperme serait altérée par les pesticides et Les phtalates peuvent nuire à la fertilité des mâles).
"On pense que la qualité spermatique et les problèmes de fertilité masculine se jouent pendant la grossesse. (...) Seule une réglementation globale pourra protéger la population", estime dans Mise au Point la journaliste Stéphane Horel, auteure d'un livre consacré aux perturbateurs endocriniens.
jvia