"On peut parler de menace avérée" et pas seulement potentielle, a déclaré vendredi le politologue Frédéric Esposito dans le Journal du matin de la RTS. "C'est la première fois que je vois une menace avec un degré de gravité aussi élevé" (3 sur 5, ndlr), a-t-il ajouté en évoquant l'enquête pénale ouverte à Genève à l'encontre d'individus soupçonnés d'être liés au groupe Etat islamique.
C'est la première fois que je vois une menace avec un degré de gravité aussi élevé en Suisse
Pas une menace nouvelle
"Ce n'est toutefois pas la menace qui pèse actuellement sur Genève qui fait que la Suisse est confrontée à la problématique du terrorisme", nuance-t-il."A la fin des années 1990 déjà, la neutralité de la Suisse n'était plus un paravent ou une protection pour échapper au risque terroriste", précise-t-il, rappelant notamment les attentats de Louxor, qui ont coûté la vie à 36 touristes suisses en 1997. "Aujourd'hui, si la Suisse ne participe pas directement à la coalition, elle participe à la coopération et au dialogue au sujet de la Syrie", ajoute le politologue.
La menace terroriste persiste à Genève, suspects toujours recherchés
"Le danger vient de l'intérieur et de l'extérieur: c'est l'une des caractéristiques du terrorisme moderne", souligne Frédéric Esposito. "Quand on parle des 66 Suisses radicalisés, selon une étude de l'Université de Zurich, on ne parle pas de ceux restés sur sol européen, et qui ont pu préparer des attentats. Cette menace est plus difficile à identifier".
Le danger vient de l'intérieur et de l'extérieur: c'est l'une des caractéristiques du terrorisme moderne
"L'information se marchande"
Pour Frédéric Esposito, la Suisse ne pourra jamais faire face seule au terrorisme international. "Mais l'information se marchande par service, par personne interposée, plutôt que d'être mise dans des bases de données", souligne-t-il pour expliquer la lenteur de procédure dans certains cas. II donne l'exemple du bagagiste de l'aéroport de Genève, identifié comme terroriste potentiel dans une base de données des services de renseignements français à laquelle la Suisse peut accéder sur demande.
"Renforcer le renseignement c'est bien, mais il faut renforcer aussi les analyses. Même si on crée des bases de données et que l'on coopère, il faut des gens qui aient la compétence de les exploiter", ajoute Frédéric Esposito.
jvia