La crise migratoire qui a touché l'Europe est le sujet d'actualité marquant de l'année 2015. Elle occupera aussi l'agenda politique suisse l'an prochain, avec notamment l'application de l'initiative du 9 février 2014. Invité du Journal du Matin sur RTS La Première, Johan Rochel, vice-président du Foraus, le centre de réflexion sur la politique étrangère de la Suisse, préconise de prendre certaines dispositions à l'égard des étrangers afin d'assurer une cohérence avec les valeurs pour lesquelles la Suisse s'est engagée.
"La Suisse est très libérale, très ouverte, très coopérative avec l’étranger lorsqu'on parle business ou économie. Par contre, lorsqu'on évoque la mobilité des personnes, qui sont les porteuses des idées et des projets économiques et qui sont simplement la réalisation concrète de cette mondialisation, on devient très frileux et on oublie l'identité politique du pays."
"Un pays n'est pas une maison"
A la question de la fermeture de la Suisse, Johan Rochel rappelle qu'un pays n'est pas une maison ou un stade dont on pourrait contrôler les entrées. "Un pays est une communauté politique qui a des institutions en commun."
Fermer les frontières signifierait, concrètement, contrôler de manière plus serrée le 1,3 million de personnes qui entrent et qui sortent du pays chaque jour. "Les difficultés pratiques seraient déjà énormes. Mais fermer un pays ne veut strictement rien dire. On ne peut pas le faire."
L'illusion d'une Suisse fermée résonne à ce point, selon Johan Rochel, en raison de la faiblesse des autres partis. "Ils devraient se mettre à pied d'oeuvre pour mener un discours montrant cette Suisse souveraine, qui a les moyens de défendre ses intérêts et son histoire d'ouverture, de coopération et d’accords commerciaux."
Organiser les mouvements migratoires
Que répondre à la peur des mouvements migratoires, avec peut-être des terroristes qui se cacheraient à l'intérieur? Le chercheur recommande de "laisser les services de renseignement et la police faire leur travail" et de distinguer cela de la question des migrations et du vivre ensemble.
"On a beau décider de tourner la vis de la loi sur l'immigration, de la loi sur l'asile, la réalité migratoire va s'imposer à nous. La seule solution politique intelligente qui nous reste est justement de chercher à organiser et à accompagner ces mouvements."
fme