Conseiller national durant presque trois législatures, entre 1999 et 2010, le Bernois Johann Schneider-Ammann a été élu au Conseil fédéral le 22 septembre 2010 en remplacement de Hans-Rudolf Merz.
Chef d'entreprise issu du Parti libéral-radical, le nouveau ministre reçoit logiquement le Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR), que lui cède Doris Leuthard. Johann Schneider-Ammann entame sa sixième année à la tête de ce dicastère. 2016 est pour lui sa première année à la présidence, alors qu'il fêtera ses 64 ans en février.
Lors de son allocution de Nouvel An, le Bernois a relevé que si la Suisse est prospère, elle le doit à sa population: "Vous contribuez tous à ce succès, nous avons le privilège de vivre en sécurité et dans la prospérité, cela ne va pas de soi. Nous devons nous attaquer ensemble à des chantiers qui ne sont pas toujours agréables. Nous devrons vaincre nos propres réticences."
Il est indispensable de s'appuyer sur ses forces. Et les nôtres ne sont pas des moindres
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Rapide ascension dans la société de beau-papa
Fils d'un vétérinaire emmentalois, Johann Schneider a étudié le génie électrique à l'EPFZ et il en sort diplômé en 1977. Il débute chez le fabricant d'armes Oerlikon-Bührle. Mais sa carrière prend son envol quand il épouse Katharina, la fille d'Ulrich Ammann, le président d'Ammann Group, une fabrique de machines de chantier basée à Langenthal (BE) qui produit à peu près tout ce qui sert à construire une route.
Johann Schneider devient alors Johann Schneider-Ammann et se hisse en quelques années à la tête de la société de son beau-père. Il multiplie le chiffre d'affaires par quatre, le portant à près d'un milliard. Il développe aussi le groupe à l'étranger, notamment en Chine, et la société devient l'un des leaders mondiaux de la branche.
Ammann Group a ainsi propulsé la famille Schneider-Ammann parmi les plus grosses fortunes de Suisse. Et la révélation de certaines pratiques d'optimisation fiscale alors qu'il était déjà ministre n'a pas pesé sur la réputation du Bernois. Johann Schneider-Ammann a assuré que sa société a toujours agi correctement et de manière transparente.
Peu présent au Parlement
Malgré son ascension et ses succès, l'entrepreneur bernois, qui est marié et père de deux enfants, n'a pas le profil des entrepreneurs arrogants, dénonçant notamment les salaires indécents de certains patrons comme Marcel Ospel. Il se revendique plutôt comme un patron à l'ancienne qui produit plus qu'il ne spécule.
Il n'a par ailleurs jamais été considéré au Parlement comme un ténor de la politique fédérale, y faisant plutôt figure de leader en matière d'absentéisme. A la tête de son empire industriel, il avouait devoir consacrer du temps à ses affaires. Mais son parti lui a fait confiance, suivi par l'Assemblée fédérale, grâce à sa capacité de dirigeant industriel. Il a d'ailleurs été président de Swissmem, l'association faîtière de l'industrie des machines, et vice-président d'economiesuisse.
Nous devons à nouveau faire confiance plutôt que de nourrir nos méfiances, rendre possible plutôt qu’interdire
Défenseur du libéralisme économique et de la voie bilatérale avec l'UE, il soutient la concurrence fiscale et a combattu le salaire minimum. Pour son année présidentielle, il s'est dit inquiet pour l'avenir des entreprises suisses, notamment avec l'incertitude liée au vote du 9 février 2014 et le franc fort. Dans son allocution, il a ainsi plaidé pour que l'Etat continue d'offrir des conditions-cadre libérales.
Le Bernois a aussi jugé essentiel de se préoccuper de l'asile, car la Suisse pourrait être largement concernée par la crise migratoire, parlant aussi de devoir humanitaire de notre pays.
boi