Lancé par les Jeunes socialistes et soumis à votation le 28 février, le texte demande à tous les acteurs suisses du marché une interdiction rigoureuse des interventions au moyen de produits financiers sur les produits agricoles. L'objectif des initiants: lutter contre la volatilité des prix et contre la faim dans le monde.
"Un objectif louable, pour un moyen d'y parvenir totalement inefficace, affirme Cristina Gaggini, invitée du Journal du matin de la RTS. Les Nations unies le montrent: il n'y a aucune corrélation entre les interventions sur les marchés dits à terme et le prix des denrées alimentaires." Elle indique en outre que pour les "denrées qui ne sont pas financiarisées", à l'instar du riz, "les prix fluctuent de manière beaucoup plus violente".
Le négoce n'expliquerait donc pas la grave crise alimentaire mondiale de 2007-2008? Absolument pas, rétorque la responsable romande d'Economiesuisse: "Cette crise est pour l’essentiel due à des restrictions à l’exportation du riz de la part des deux plus grands producteurs mondiaux que sont l’Inde et le Vietnam. En restreignant l’offre sur les marchés mondiaux, les prix ont flambé."
Un centre de compétences mondial menacé
Cristina Gaggini rappelle qu'avec 12'000 emplois directement liés au négoce, l'Arc lémanique a réussi à créer un centre de compétences unique au monde en la matière. A cela s'ajoutent, selon elle, environ 12'000 places de travail indirectement liées dans l'hôtellerie ou la restauration notamment. Sans compter l'industrie alimentaire ou les banques.
"Faut-il mettre sur pied un monstre bureaucratique parfaitement inefficace pour lutter contre la faim dans le monde au risque de mettre en danger des milliers d'emplois? Je ne le pense simplement pas", s'indigne la directrice romande d'Economiesuisse.
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kg