"Je ne suis pas pour instaurer un système à l'américaine où les étudiants doivent s'endetter de manière importante pour accéder à l'université, mais les coûts en Suisse ne sont pas au niveau où ils devraient être. Ils ne sont pas suffisamment élevés pour que les étudiants se rendent compte de la qualité des enseignements et à quel point l'acquisition de connaissances est quelque chose de précieux", a expliqué le professeur de génétique à l'Université de Genève et à l'EPFL.
Tournant actuellement entre 1000 et 1200 francs par année académique, les taxes universitaires devraient se monter à "au moins 2000 ou 3000 francs", a estimé Denis Duboule sur les ondes de la RTS. L'universitaire a précisé qu'il ne s'agissait évidemment pas de péjorer l'accès aux études selon la classe sociale et que des bourses existaient.
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Editer le génome humain
Le généticien était interrogé dans le Journal du matin suite à l'entrée en bourse de la société biotechnologique Editas Medicine qui a développé une technologie permettant d'éditer le génome humain.
"Il s'agit d'une technologie formidable, simple, rapide et peu coûteuse", a commenté Denis Duboule, précisant que c'était le fruit d'années de recherches appliquées sur les animaux et les plantes.
"Des essais cliniques sur l'homme vont certainement débuter dès 2017, bien que certains pays d'Asie aient officieusement sûrement déjà commencé des tests, et j'imagine qu'on pourra y trouver des applications intéressantes très rapidement".
Ce "système d'édition du génome" pourrait permettre de soigner des maladies génétiques grâce à de la thérapie cellulaire et génique. On prélèverait des cellules malades du patient pour les modifier in vitro et réintroduire des cellules saines pour le guérir.
Il y a trop d'éthique et pas assez de bon sens en ce qui concerne la modification génétique chez l'humain
Alternative au DPI
"Il n'y a dès lors plus de barrières théoriques pour modifier directement un embryon", a précisé le généticien. La loi suisse interdit toutefois encore de s'y attaquer.
"Il y a trop d'éthique et pas assez de bon sens dans ce domaine", a encore commenté Denis Duboule, regrettant des lois trop restrictives qui ont longtemps bloqué la possibilité du diagnostic préimplantatoire par exemple. Ces nouveaux éditeurs du génome pourraient d'ailleurs en être une alternative.
"Il faut des garde-fous mais ce que j'aime pas c'est que le chercheur est trop souvent soupçonné de vouloir faire quelque chose d'illégal ou de pas éthique", conclut le généticien.
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Un débat national
La thématique de la hausse des frais d'étude est aussi évoquée par le président du Conseil des Ecoles Polytechniques Fédérales (EPF) dans le Tages-Anzeiger mercredi.
Confronté à la volonté d'économies de la Confédération Fritz Schiesser indique qu'une augmentation des taxes n'est pas impossible.
Ces charges se montent actuellement à environ 100 francs par mois dans les EPF et la dernière véritable hausse remonte à 20 ans, relève Fritz Schiesser
"Je peux tout à fait m'imaginer une augmentation des cotisations annuelles de 1300 francs à 2000 francs à l'avenir", indique le président du Conseil des EPF.