Une augmentation inattendue du nombre de décès a été constatée en 2015 en France (+7,3%) et en Italie (+10%), selon des statistiques publiées ces derniers jours. Selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS), un phénomène similaire est observé en Suisse.
"Cette année, la grippe a tué plus que d'habitude, mais l'augmentation de 7,4% des décès (ce qui correspond à plus de 4600 personnes, ndlr) n'est pas très surprenante", explique Philippe Wanner, de l'Institut de démographie de l'Université de Genève. "Il s'agit de personnes plutôt âgées, qui seraient probablement décédées en 2016 ou en 2017", précise-t-il.
Grippe et canicule
On remarque par exemple une différence de 38% entre 2014 et 2015 la semaine du 16 février, au coeur de l'épidémie de grippe qui a sévi durant douze semaines en début d'année. L'épisode caniculaire observé en été 2015 se traduit par un écart de 24% par rapport à 2014 la semaine du 13 juillet.
Population vieillissante
En 2012, le seuil des 64’000 décès a été franchi pour la première fois, alors que leur nombre de morts était d'environ 60'000 par an durant les trois dernières décennies. De manière générale, avec le vieillissement de la population, on assiste à une hausse du nombre de décès dans la catégorie des personnes âgées de 80 ans et plus, mais à une diminution dans les autres catégories d'âge, constate l'OFS.
Ce "pic" de décès ne devrait pas trop avoir d'impact sur l'espérance de vie, qui est actuellement de 81 ans pour les hommes et de 85,2 ans pour les femmes en Suisse. Les valeurs n'ont pas encore été calculées pour 2015, mais Philippe Wanner estime qu'elle sera proche des valeurs annoncées pour la France, qui fait état d’une perte de 0,3 année d’espérance de vie pour les hommes et de 0,4 pour les femmes. "On considère toutefois comme significative une perte de 0,5 à 1 an d'espérance de vie", tempère-t-il.
Davantage de décès, mais une espérance de vie croissante
A l'horizon 2050, la Suisse gagnerait 4 à 5 ans d'espérance de vie.
Philippe Wanner se distancie toutefois des spécialistes qui voient une évolution de l'espérance de vie "en dents de scie". Selon lui, celle-ci devrait continuer à augmenter de manière régulière, de 0,1 à 0,2 ans par année. "A l'horizon 2050, la Suisse gagnerait ainsi 4 à 5 ans d'espérance de vie", estime-t-il. Parallèlement, le nombre de décès devrait encore augmenter, notamment avec le vieillissement de la génération des "baby-boomers" (1946-1963).
Jessica Vial