Interrogé mercredi dans l'émission Forum sur la position du Conseil fédéral contre l'initiative de mise en oeuvre de l'UDC, soumise au peuple le 28 février prochain, le ministre de la Santé a expliqué que le gouvernement était loin d'exagérer sur les problèmes qu'elle causerait avec l'Europe sur la libre circulation en cas de oui. Après Simonetta Sommaruga, Didier Burkhalter, et Johann Schneider-Ammann, il s'agit par ailleurs du quatrième membre du gouvernement à critiquer ce texte.
La Suisse éjectée d'un système depuis le 9 février 2014
A l'échelle de son département, Alain Berset estime également que la situation est déjà bien complexe: "J'ai aussi des contacts réguliers avec le niveau européen en matière de santé. A chaque fois que l'on parle d'un virus ou d'un problème de santé, cela ne s'arrête pas à la frontière. Tous les pays qui nous entourent ont quotidiennement des échanges importants auxquels nous étions associés aussi longtemps que l'on avait une situation stable avec l'Union européenne... Un système duquel nous avons depuis été éjectés."
"Il faut quand même se rendre compte de ce que ça signifie. Nous sommes contraints à attendre derrière la porte qu'ils aient discuté entre eux et essayer de récupérer les miettes d'informations pour savoir ce qu'ils font et ce que l'on peut faire pour protéger aussi notre propre population quand un danger arrive", poursuit-il.
Ne pas en "rajouter une couche"
Le conseiller fédéral socialiste plaide donc pour parvenir à une situation de stabilité avec l'Union européenne: "Nous travaillons d'arrache-pied pour trouver une solution stable. Il est vrai que l'initiative de 2014 représente un défi très important. Et je crois qu'il n'est pas le moment aujourd'hui d'en 'rajouter une couche', si vous me permettez cette expression. C'est assez compliqué comme cela sans nous compliquer encore la situation."
"Je crois qu'il faut, comme l'a dit le Conseil fédéral, clairement rejeter cette initiative le 28 février prochain. Elle représenterait une haie quasiment insurmontable pour nous aussi dans les relations avec nos partenaires européens, mais avec la garantie derrière que le Parlement et le Conseil fédéral ont agi et tiennent compte de ce que souhaite la population."
Polémique autour des statistiques non publiées de l'OFS
Alain Berset a encore tenu à répondre aux critiques dirigées contre l'Office fédéral de la statistique (OFS) à propos de la non publication de chiffres croisant la criminalité et la nationalité... des statistiques prévues pour cet automne.
"Il n'y a aucun chiffre de caché. Les chiffres ne sont pas prêts. Les publications en matière de statistiques ont besoin d'avoir une certaine exigence. Ils sont en train d'être préparés et ils vont être publiés. Mais surtout, ils n'ont aucun lien avec la votation du 28 février, puisque précisément cette initiative ne tient pas compte de la nationalité. Il n'y a aucune distinction: tous les étrangers sont renvoyés dès qu'ils ont commis l'un ou l'autre délit, indépendamment de leur nationalité", a souligné le Fribourgeois.
Dans cette polémique, les initiants utilisent ces arguments dans une campagne qui, dans le fond, n'est pas concernée par ces chiffres en tant que tels, et "qui ont toujours été prévus pour cette automne par l'OFS", a conclu le conseiller fédéral.
jzim