Jusqu'ici la dysphorie de genre, aussi appelée transsexualisme ou transgenre, était considérée comme une pathologie d’adultes. Pourtant, certains enfants ont conscience très tôt que la catégorie de sexe qui leur a été assignée à la naissance ne leur correspond pas.
Ces enfants manifestent leur attrait pour des jeux, des accessoires, des vêtements de l'autre sexe. "Je me souviens que je m’étais fait une robe avec une cape. Je suis allée vers ma mère et je lui ai dit : "Maman je veux être fille". Mais elle m’a dit que ce n’était pas possible. Alors j’ai refoulé jusqu'à ce que ce ne soit plus tolérable", témoigne Sarah (nom d’emprunt).
Bloquer la puberté
L'arrivée de la puberté et les transformations non désirées du corps sont source de souffrance pour les jeunes transgenres. Nombre d’entre eux tombent en dépression, décrochent à l’école et s'isolent. Le taux de suicide chez les personnes transgenres est très élevé.
La majeure partie de ces enfants reste invisible pour leurs parents et l’entourage, mais ils sont de plus en plus nombreux à consulter. Quelques rares centres médicaux spécialisés, comme à Amsterdam, leur offrent désormais un traitement médical pour bloquer la puberté le temps de savoir s'ils souhaitent entamer une transition médicale au moyen de traitements hormono-chirurgicaux.
Opérer plus jeune
Les opérations de "réassignation sexuelle" sont de plus en plus fréquentes en Suisse. Au CHUV, le Docteur Olivier Bauquis en pratique une par semaine, c’est deux fois plus qu'il y a sept ans.
Souvent, ce sont des jeunes de 18 ans qui en font la demande. Mais en Suisse, cette intervention n'est remboursée qu'à partir de 25 ans. Une aberration pour le chirurgien: "Je pense qu'il est inutile de faire patienter ces patients de nombreuses années et c’est ridicule de les stopper dans leur transformation."
A noter que les autorités suisses autorisent les changements de nom et de sexe sur les papiers d'identité à condition de pouvoir prouver que la personne a subi une opération de réassignation sexuelle et qu'elle est inapte à procréer.
Magali Rochat
"Ma vie en rose", un film précurseur
En 1996, le film belge "Ma vie en rose", dirigé par Alain Berliner, évoquait le thème de la différence et de l'identité de genre à travers l'histoire d'un garçon de sept ans persuadé d'être une fille.
L'enfant joue à la poupée et fait scandale en revêtant la robe de la soeur - défunte - d'un de ses copains. Un comportement mal accepté par ses parents.
Voir la bande-annonce (en anglais):