L’Eglise catholique de la région de Berne a écrit jeudi à l’ambassadeur du Vatican. Elle lui reproche de vouloir fermer les paroisses qui ne sont pas dirigées par leur propre curé et déplore son manque de sensibilité pour les réalités suisses.
Ces critiques font suite à celles de plusieurs instances catholiques d’Outre-Sarine, qui se sont adressées au Conseil fédéral pour demander la destitution de l’ultra-conservateur américain. Pour le groupe "Es reicht!" ("ça suffit!), alliance d’associations catholiques alémaniques qui s’engagent pour une église ouverte et solidaire, le diplomate Thomas Gullickson manque singulièrement de diplomatie.
"Prédicateur de la haine"
Fin janvier, le groupe "Es reicht!" a écrit à Johann Schneider-Ammann pour demander au Conseil fédéral d’intervenir auprès du Vatican dans le but qu’il relève le nonce de ses fonctions.
Le nonce est décrit comme un prédicateur de la haine, qui menace la paix religieuse du pays. On retrouve les mêmes inquiétudes du côté des femmes catholiques suisses, qui en appellent à Doris Leuthard. Elles évoquent 2017 et la succession de l’évêque de Coire - le très controversé Vitus Huonder. Or le nonce joue un rôle déterminant dans le choix des candidats.
Provocations sur les réseaux sociaux
Entré en fonctions en octobre dernier, Thomas E. Gullickson n’a pas souhaité jusqu'ici répondre aux critiques dont il est l’objet. Il est en revanche très actif sur les réseaux sociaux. Dernière provocation en date: sa critique virulente de l’ONU, qualifiée d’Hérode en cravate pour avoir suggéré aux pays touchés par le virus Zika d’autoriser l’avortement.
En 1996, le conseiller fédéral Flavio Cotti était intervenu auprès du Vatican, ce qui avait contribué au déplacement du très conservateur évêque de Coire Wolfgang Haas vers Vaduz. Mais aujourd’hui, les détracteurs du nonce ne se font pas trop d’illusions. Les temps ont changé, disent-ils, et les politiques s’intéressent de moins en moins à la chose religieuse.
Alain Arnaud/oang