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"La question de l'abandon du ski se posera d'ici quarante ans en Suisse"

Christophe Clivaz, candidat pour le parti "Les Verts" à l'élection du conseil d'Etat valaisan. [Jean-Christophe Bott]
Christophe Clivaz, professeur et politicien valaisan (Les Verts) / L'invité de la rédaction / 21 min. / le 16 février 2016
On pourra encore skier en Suisse dans quinze ans, affirme Christophe Clivaz, professeur associé à l'Université de Lausanne. Mais le réchauffement climatique va forcer les stations à revoir leur modèle.

Les stations de montagne, et particulièrement les remontées mécaniques, sont inquiètes pour leur avenir, menacé par les conditions météorologiques. "La limite pluie-neige s'est élevée de 300 mètres depuis les années 1960, et cela va continuer à augmenter ces prochaines années", a expliqué le professeur associé à l'Institut de géographie et durabilité de l'Université de Lausanne et Vert valaisan Christophe Clivaz mardi dans le Journal du matin de la RTS.

"Si le climat se réchauffe de 2°C sur l'ensemble du globe, la température en Suisse se réchauffe en moyenne deux fois plus vite, de 4°C", précise-t-il.

Un marché en régression

Ainsi, selon lui, la question de l'abandon du ski devrait se poser d'ici 40 à 50 ans selon les lieux, en raison de la difficulté d'obtenir un enneigement naturel. "Une partie du renchérissement des forfaits de ski dépend de l'augmentation des coûts d'exploitation liés à l'enneigement mécanique", souligne Christophe Clivaz.

Existe-t-il donc encore une raison d'investir dans ces infrastructures? Pour le professeur et politicien, les sociétés de remontées mécaniques, particulièrement à moyenne altitude, vont devoir prendre "de grandes décisions", et peut-être changer de modèle. "Cette année, certaines stations équipées n'ont pas pu faire tourner leur enneigeur en raison des températures trop élevées", indique-t-il.

Il pointe également un marché du ski globalement en régression, où l'on compte 20% de journées de ski par skieur en moins sur les dix dernières années.

Virage estival

"Jusqu'ici, on n'a pas assez investi sur l'été", affirme Christophe Clivaz, qui donne de rares exceptions, à l'instar de la station fribourgeoise du Moléson, qui fait désormais un chiffre d'affaires plus important en été qu'en hiver, ou de certaines stations tessinoises qui ont abandonné le ski pour se consacrer aux activités estivales.

Est-il trop tard pour prendre le virage? "Au pied du mur, on trouve des alternatives", estime-t-il, évoquant des pistes dans le domaine de la culture, de la valorisation de la gastronomie ou de l'oenotourisme pour les stations qui devraient renoncer au ski. L'utilisation des infrastructures existantes pour se positionner dans de nouveaux créneaux, par exemple le VTT de descente, est aussi envisagée par certaines stations.

Jusqu'ici, les stations de montagne n'ont pas assez investi sur l'été.

Christophe Clivaz, professeur associé à l'institut de géographie et durabilité de l'Université de Lausanne

Reste qu'il est difficile de sortir du modèle d'affaires courant, ancré historiquement et culturellement. De plus, le positionnement estival compense encore difficilement les pertes de l'hiver. Mais pour Christophe Clivaz, le réchauffement climatique "va aussi pousser les gens à aller en montagne en été, pour bénéficier des températures plus fraîches".

jvia

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