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Un imam bernois réclame plus de surveillance dans les mosquées

La formation des imams en Suisse suscite la controverse
La formation des imams en Suisse suscite la controverse / 19h30 / 3 min. / le 22 février 2016
L'imam Mustafa Memeti plaide pour une meilleure surveillance des mosquées suisses. Selon lui, on ne connaît pas les prédicateurs qui prêchent dans notre pays.

"Moi-même, je ne connais pas ces imams", déplore dans le 19h30 de la RTS l'imam Mustafa Memeti, président de l'Association islamique albanaise de Suisse. "Que ce soit en Suisse, ou rien qu'à Berne, je ne sais pas ce qui se dit dans les conférences des imams, dans leurs prêches ou à la prière du vendredi."

Ces propos font écho à plusieurs faits d'actualité impliquant des imams à Genève, Winterthour et finalement lors du procès qui s'ouvrira fin février au Tribunal pénal fédéral pour des prétendus liens avec le groupe Etat islamique.

D'après Mustafa Memeti, beaucoup d'imams ne sont pas adaptés à la société suisse.

>> Lire sur ce sujet : Les domiciles de deux imams de la mosquée de Genève perquisitionnés et Centre An’Nur à Winterthour: "Notre vocation est de s'opposer à l'EI"

- Un Irakien proche de l'EI prêcherait dans des mosquées alémaniques

La moitié des imams viennent de l'étranger

La moitié des 150 imams qui exercent en Suisse viennent de l'étranger. La plupart viennent de Turquie et sont envoyés pour des périodes de 3 à 5 ans par l'organe d'Etat chargé des affaires religieuses, la Diyanet. Ils sont payés directement par Ankara.

Aujourd'hui, on en dénombre 5 en Suisse romande et une trentaine en Suisse alémanique. D'autres filières institutionnalisées du même genre existent avec d'autres Etats, notamment la Bosnie.

Des instances de régulation

La présence d'imams étrangers en Suisse ne représente toutefois pas un problème pour tout le monde. Pour Christophe Monnot, sociologue des religions à l'Université de Lausanne, envoyer des imams pour apporter une idéologie radicale relève d'un "fantasme total".

Selon lui, les communautés musulmanes sont elles-mêmes dans la défense et ne veulent pas de cet islam-là. "En Suisse les responsables et les imams sont plutôt des instances de régulation", soutient le sociologue.

Même son de cloche pour le président de la Fédération d'organisations islamiques de Suisse (FOIS), Montassar Ben Mrad, pour qui un travail concret se fait de manière très constructive avec les imams, même dans des cas de déradicalisation. "Je pense qu'il faut voir ces imams comme étant une partie de la solution plutôt qu'une partie du problème", estime-t-il, sans toutefois sous-estimer qu'il existe "quelques cas à analyser de plus près".

Des prédicateurs échappent à tout contrôle

Reste un véritable problème, celui des prédicateurs itinérants, pas toujours bien formés, qui passent dans notre pays avec des visas touristiques et prêchent dans les mosquées qui les invitent. Difficiles à repérer, ils échappent souvent à tout contrôle. Les organisations musulmanes se retrouvent démunies.

Ce sont ces quelques cas, exceptionnels mais bien réels, auxquels s'attaque l'imam de Berne aujourd'hui.

Valérie Gillioz/fme

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84 autorisations de séjour depuis 2010

Les imams venus de l'étranger transitent par le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), en consultation avec le Service de renseignements de la Confédération.

Depuis 2010, 84 imams ont reçu une autorisation de séjour en Suisse. Seuls 7 refus ont été prononcés, pour des motifs de mauvaises connaissances de la langue, absence de diplôme secondaire ou encore problèmes liés à la rétribution.

En cinq ans, aucun refus n'a été prononcé pour des questions sécuritaires.