Dans le Journal du matin, le patron de la Weltwoche, le Zurichois Roger Köppel, a commencé par rappeler que "tout le monde était devenu un peu UDC lors de la campagne contre l'initiative".
"J'ai été étonné de voir un tel consensus; tous les politiciens sont désormais pour l'expulsion des criminels étrangers".
Tout le monde est devenu un peu UDC avec cette votation
Ce à quoi Pierre-Yves Maillard a répondu plus tard dans le débat: "bien sûr que je suis contre la criminalité, et contre la criminalité en général, celle des Suisses aussi. Tout comme, si l'UDC nous faisait voter sur le mauvais temps, je serai aussi contre mais ce n'est pas en changeant la Constitution sans cesse qu'on règle des problèmes."
Forte mobilisation de tous bords
Pierre-Yves Maillard a également relevé que le résultat l'avait d'abord surpris. "Les sondages récents donnaient le oui à 60%, les violences de réfugiés lors du Nouvel An en Allemagne n'étaient pas en faveur de ce résultat. Tout le monde a pensé que l'UDC gagnerait".
Mais le politicien vaudois a souligné la mobilisation importante d'anciens conseillers fédéraux et des présidents de partis qui a permis de contrer la "tendance dictatoriale de l'UDC" avec une initiative qui visait les juges.
"Cette votation ne portait pas seulement sur les étrangers criminels mais carrément sur une conception de la démocratie. Le résultat est un tournant dans l'identification du projet de l'UDC".
Solutions concrètes
C'est un travail de bénédictin, de prévention minutieuse, qu'il faut faire sur le terrain pour lutter concrètement contre la criminalité, pas un changement de la Constitution.
"Ce qu'il faut, ce sont des politiques publiques qui offrent des solutions concrètes sur le terrain pour lutter contre la criminalité", a expliqué le Conseiller d'Etat vaudois en charge de la Santé et de l'action sociale, notant que "l'enfumage" de l'UDC - "qui matraque toujours le même sujet, les étrangers, et veut changer les lois mais n'agit pas sur le terrain" - ne prenait plus avec le peuple suisse.
"Je ne suis pas un destructeur de la Suisse ou de ses lois", a rétorqué Roger Köppel, arguant du fait que le Parlement n'avait pas pris au sérieux la première initiative UDC. "Je défends un système de démocratie directe qu'il faut préserver et le Parlement doit appliquer ce que vote le peuple suisse, il ne peut pas se permettre de changer les lois comme il veut".
L'UDC se fiche de l'immigration illégale mais se bat régulièrement contre l'immigration légale
Le politicien vaudois a encore fait remarquer qu'avec la loi concoctée par le Parlement à partir de l'initiative UDC pour le renvoi acceptée en 2010, les juges allaient désormais retirer des permis de séjour aux étrangers criminels mais que les expulsions effectives restaient complexes, sans accords de réadmission avec certains pays. "Si le nombre de clandestins augmente, je ne suis pas sûr que cela contribue au sentiment de sécurité de la population".
Conséquences sur le 9 février?
Le désir de renverser le résultat du 9 février 2014 est désormais fort dans la Berne fédérale
"Le Conseil fédéral et le Parlement doivent pouvoir mettre en application les initiatives populaires avec intelligence", a aussi noté Pierre-Yves Maillard, tout en disant espérer que ce vote pourrait être un signal positif pour l'Union européenne et l'application de l'initiative contre l'immigration de masse du 9 février 2014.
Roger Köppel a estimé que "le désir de renverser le résultat du 9 février est désormais très fort à Berne mais nous veillerons à ce que la décision soit implémentée correctement".
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Les secundos, des citoyens à part entière
Egalement interrogée dans le Journal du matin, Simonetta Sommaruga a commenté le résultat de la votation en affirmant que c'était une victoire pour l'Etat de droit, pour les droits de l'homme et pour la séparation des pouvoirs qui étaient tous questionnés par cette initiative.
"Ce résultat a surtout montré que les secundos font entièrement partie de notre société", a-t-elle poursuivi en se disant réjouie.
Le oui du Tessin
Le canton du Tessin a massivement accepté l'initiative UDC de mise en oeuvre avec près de 60 %, loin devant les cinq autres cantons qui ont dit oui (Appenzell Rhodes-Intérieures, Schwytz, Obwald, Nidwald et Uri).
L'éditorialiste et commentateur politique Moreno Bernasconi a estimé sur les ondes de la RTS qu'au vu du résultat global, le Tessin devait désormais sortir du déni de réalité dans lequel il vit. "Le problème de la criminalité étrangère est exacerbé de manière extrême au Tessin par rapport au reste de la Suisse, le résultat de dimanche doit faire prendre conscience au canton de cela".
"Le Tessin doit se sentir compris par Berne et les autres cantons, mais les solutions ne peuvent pas être aussi extrêmes que celles proposées par certains partis comme l'UDC et la Lega. C'est ce qu'a montré le résultat de dimanche", a analysé l'éditorialiste.
>> Ecouter les réactions des deux politiciens au résultat tessinois: