Alors que plusieurs projets pilotes conférant davantage de responsabilités aux soignants voient le jour Outre-Sarine, les universités de Genève et de Lausanne ainsi que la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HESSO) réfléchissent de leur côté au lancement d'un master, a appris la RTS. Objectif: former à large échelle des professionnels de la santé capables de reprendre certaines tâches aujourd'hui effectuées par les médecins.
Des "praticiens en soins avancés"
Il s'agirait d'une première en Suisse. Les trois écoles sont convaincues que la lutte contre la pénurie de praticiens passe par plusieurs recettes. L'une d'elles est de déléguer certaines tâches médicales à ce qu'elles appellent "des praticiens en soins avancés". Ces soignants aux compétences élargies seraient capables de poser un diagnostic, de prescrire des médicaments et de suivre de manière autonome certains types de patients comme les malades chroniques.
Délimiter clairement les compétences
Ce nouvel acteur de la santé serait formé pour travailler en hôpital, en institution ou en tant en tant qu'indépendant dans son propre cabinet. Mais "cela ne peut marcher que si on délimite très clairement quelles sont ses compétences, quelle est son autonomie, qu'est-ce qu'il peut faire sous sa propre responsabilité", souligne le recteur de l'Université de Lausanne Dominique Arlettaz. "Et c'est toute la discussion qu'on devra avoir une fois que notre projet prendra un peu plus corps et une fois que les discussions politiques auront eu lieu", précise-t-il.
Le programme de formation viserait les infirmières et infirmiers diplômés souhaitant évoluer dans leur pratique, mais aussi des étudiants au bénéfice d'un bachelor en médecine.
Nécessité de reconnaître cette nouvelle profession
Reste un écueil de taille à régler: faire reconnaître cette profession qui n'existe pas aujourd'hui en regard de la loi. "Nous devons aller discuter avec la Berne fédérale pour savoir quels droits de pratique pourraient être accordés à ces personnes", souligne Dominique Arlettaz. Le recteur se dit cependant convaincu que l'Office fédéral de la santé publique sera très sensible à cette formation alors qu'il y a de plus en plus besoin de soins face à une population vieillissante.
Ce nouveau master devrait durer deux ans et être dispensé conjointement par les trois hautes écoles. Si tout va bien, il pourrait être lancé dès 2018.
Céline Fontannaz/oang