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"Très bon électeur, le paysan est choyé par le monde politique"

Extrait invité du matin Yvan Droz
Yvan Droz: "les paysans sont choyés par le monde politique" / L'actu en vidéo / 1 min. / le 10 mars 2016
Anthropologue du monde rural, Yvan Droz est revenu dans le Journal du matin sur le soutien politique important dont bénéficie le monde agricole en Suisse, au lendemain du soutien du National à l'initiative sur la sécurité alimentaire.

"Le capital sympathie envers le monde agricole est important parce que c'est une force électorale importante. Quand un Suisse sur deux vote dans la population générale, c'est un paysan sur un qui fait entendre sa voix. Ils sont donc choyés par le monde politique", a commencé par rappeler l'anthropologue et enseignant à l'Institut de Hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève, qui a aussi noté que ce sont très souvent des électeurs de droite.

L'initiative soutenue hier par la Chambre du peuple (lire: Le National soutient l'initiative sur la sécurité alimentaire des paysans) vise à favoriser la production suisse en vue d'une plus grande autonomie face au commerce mondial des aliments, car "ce ne sont pas des produits comme les autres", selon Yvan Droz.

"Le jour où le prix du lait est à 30 centimes en Suisse, tous les paysans peuvent fermer et c'est la perte d'un savoir-faire technique. C'est pour cela que plusieurs initiatives (ndlr.: celle sur la sécurité alimentaire de l'Union suisse des paysans, celle pour des aliments équitables des Verts et celle pour la souveraineté alimentaire d'Uniterre) visent à limiter l'ouverture des marchés".

Force géostratégique, "les aliments sont encore aujourd'hui une arme de guerre, ce n'est pas pour rien qu'on affame", note le chercheur. "C'est aussi un moyen de défense nationale. En Suisse, la protection alimentaire fait encore partie aujourd'hui de l'arsenal de la défense", a poursuivi Yvan Droz rappelant que l'image d'Épinal du paysan suisse ne correspond plus à la réalité technique du métier.

"Produisez! Nous nous chargeons du reste"

Si les paiements directs ont permis à certains paysans après la guerre de vivre très confortablement, la réalité a aujourd'hui changé avec 3 à 4 exploitations qui disparaissent chaque jour et une ferme sur deux qui perd de l'argent.

"Le soutien de la Confédération a été très "suivi". Le peuple suisse a clairement soutenu l'agriculture pour la remercier après la guerre. Le slogan était "Produisez, nous nous chargeons du reste", note encore Yvan Droz, mentionnant également le plan Wahlen, ce programme d'autosuffisance alimentaire lancé en 1940 en Suisse. "Aujourd'hui encore, le but est de maintenir sur le sol suisse une capacité de production afin d'avoir suffisamment de calories pour une alimentation de base".

Et de rappeler qu'aujourd'hui encore, on subventionne les paysans pour service rendu à la nation, mais en ce qui concerne la protection du paysage par exemple.

Yvan Droz a également relevé que la bureaucratie dans le monde rural était devenue exagérée et bien plus lourde que celle qui pèse sur les PME. "Les paysans ne font pas ça pour remplir des formulaires".

Un avis partagé par plusieurs politiciens, dont le conseiller national PDC Yannick Buttet, qui s'exprimait hier sur le débat au National:

sbad

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