L'initiative populaire "Pour un revenu de base inconditionnel" est rejetée à droite et ne peut compter que sur quelques soutiens à gauche. Même s'ils ne se font pas d'illusion sur les résultats de la votation, les partisans ne se laissent pas démonter.
"Tous les grands changements de société sont issus de mouvements citoyens", a affirmé Ralph Kundig devant la presse. "Il a suffi souvent de 15 secondes pour convaincre quelqu'un de signer l'initiative".
Selon lui, le mouvement citoyen est grandissant. Les initiants misent beaucoup sur les réseaux sociaux et leur page Facebook compte plus de 11'000 membres.
Ce n'est pas avec de l'argent mais avec de la créativité qu'il faut convaincre, a noté Daniel Häni. Le comité de campagne a toutefois choisi d'en distribuer à la gare de Zurich pour convaincre.
Pas possible de connaître le budget des initiants ni les noms des donateurs. Dix mille francs ont en tout cas pu être libérés pour distribuer les billets comme support de campagne.
>> Lire aussi : Le revenu de base inconditionnel, une idée portée ailleurs en Europe
ats/sbad
2500 francs pour tous
L’initiative vise à instaurer une indemnité devant permettre à toutes les personnes vivant en Suisse de mener une existence digne. Tout le monde y aurait droit, les Suisses ainsi que les étrangers moyennant un délai de résidence encore à fixer.
Le montant du revenu de base devra être réglé au niveau de la loi. Les initiants, au nombre desquels on trouve l'ancien vice-chancelier de la Confédération Oswald Sigg, parlent de 2500 francs par mois pour les adultes et de 625 francs pour les enfants et les adolescents.
Ils rejettent l'idée selon laquelle la Suisse deviendrait alors un Eldorado pour les migrants comme celle de gens qui se détourneraient des basses besognes. Les travaux ingrats devront le cas échéant être revalorisés, selon Enno Schmidt.
Ce revenu permettre entre autres de revaloriser la production agricole locale, une vie d'artiste, de mener des études sans pression financière ou encore de mieux concilier vie familiale et professionnelle, argumentent les initiants.
Vision à long terme, déjà testée ailleurs
Daniel Straub n'a pas hésité à paraphraser John Fitzgerald Kennedy. Le revenu de base inconditionnel est comme la conquête de la lune: une vision à long terme. Il s'agit de construire l'économie de marché du futur. "Nous avons une productivité énorme mais nous ne l'utilisons pas".
Le projet serait une réponse humaniste au développement techologique. Jusqu'à 50% des emplois disparaîtront ces prochains vingt ans. Mais les machines ne paient pas d'impôt ni de cotisations sociales. Comment financera-t-on alors l'AVS, l'AI ou l'assurance chômage?, s'est interrogé Ralph Kundig.
La piste d'un revenu de base inconditionnel est déjà explorée dans plusieurs pays. L'idée fait des émules aux Pays-Bas, en Islande, en Finlande ou au Québec. Selon Ralph Kundig, les expériences pilotes tendent à démontrer un développement économique.
Reste à savoir comment financer l'opération. Selon les initiants, qui reprennent à leur compte les calculs de l'Office fédéral des assurances sociales, les surcoûts se limiteraient à 25 milliards de francs. Instaurer un revenu de base pour tous coûterait en tout 208 milliards.