Sacrée ville la plus violente pour 2015, Fribourg se réserve le droit de demander un correctif à l'Office fédéral de la statistique (OFS). Neuchâtel et Genève s'estiment elles aussi maltraitées, et l'an dernier c'était Lausanne qui dénonçait une inégalité dans la saisie des infractions.
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De quoi s'interroger sur la fiabilité des chiffres sur la criminalité en Suisse, ce que fait précisément l'Office fédéral de la statistique (OFS). Responsable de sa section criminalité, Corinne Vollenweider indique qu'une évaluation de cette statistique pour les cinq dernières années est prévue. "Ce n'est pas quelque chose qu'on a mis en place cette semaine dans l'urgence", précise-t-elle, "cela avait déjà été annoncé l'année passée au mois de novembre".
Tous les cantons consultés
Cette remise à plat devrait démarrer dans les prochains jours. Tous les cantons vont être invités à donner leur avis sur ce qu'ils veulent corriger dans la statistique annuelle. "Et si des améliorations doivent être apportées, elles le seront", assure Corinne Vollenweider.
Un atlas devenu "hit-parade" des cantons dangereux
La Statistique policière de la criminalité (SPC) commune aux 26 polices cantonales a été lancée en 2009. Elle avait été saluée à l'époque comme un exploit au pays du fédéralisme. Mais cet atlas comparatif des infractions commises chaque année est devenu rapidement une forme de hit-parade des zones les plus dangereuses.
Or, depuis que ces chiffres existent, les cantons et villes les plus mal notés sont tous romands - ce qui explique les réactions. La responsable des statistiques criminelles à l'OFS s'en étonne pourtant, assurant que les critères ont été largement discutés puis avalisés au sein du groupe d'accompagnement stratégique qui inclut des représentants des cantons.
La violence particulièrement pointée cette année
"On n'a pas dit que Fribourg était la ville la plus criminelle de Suisse", précise Corinne Vollenweider. "On a plutôt voulu axer sur une communication plus générale et annoncer aussi de bonnes nouvelles. Mais c'est vrai que pour la première fois cette année, on a calculé des fréquences pour un certain choix d'infractions comme des infractions de violences ou dans le patrimoine, et il s'avère que Fribourg se trouve première pour les infractions de violence."
Il n'empêche. Fribourg reste très remonté contre ce classement et fait remarquer qu'il ne faut pas mélanger la violence de rue avec celle contre les fonctionnaires - systématiquement réprimée à Fribourg - ou encore la violence domestique. Ce mélange ne serait pas donc signifiant pour évoquer la dangerosité d'une ville - un point de vue partagé notamment par les Neuchâtelois.
>>> Ecouter l'interview de Pascal Lüthi, command de la police cantonale neuchâteloise, dans Forum:
Parmi les points problématiques qui seront mis sur la table lors de la vaste consultation auprès des cantons figure également la manière de comptabiliser plusieurs infractions pour une même affaire. C'est ce qui a fait dire l'an dernier à Lausanne - ville désignée comme la plus criminogène en 2014 - qu'il s'agissait d'une injustice.
Ludovic Rocchi/oang