Bien que décrits par le label comme "élevés dans des conditions particulièrement respectueuses du bien-être des animaux", les poulets filmés par Tier-im-Fokus montrent des poules plutôt mal en point, en grande partie déplumées, certaines blessées et regroupées par centaines dans une halle.
La vidéo sur le site de l'organisation Tier-im-Fokus
Ces installations - qui n'ont rien d'illégal - respectent le programme systèmes de stabulations particulièrement respectueux des animaux (SST) de l'Office fédéral de l'agriculture, qui impose des normes plus sévères que les standards habituels.
"Si on regarde nos dernières recherches, on se rend compte que ça n'a rien à voir avec le bien-être des animaux. C'est un élevage intensif comme les autres. Peu importe que l'on mette de la sciure au sol ou pas", estime Tobias Sennhauser, porte-parole de Tier-im-Fokus. "On observe un taux de mortalité élevé. Les éleveurs eux-mêmes nous ont confié que la première chose qu'ils faisaient le matin, c'était de ramasser les poulets morts. Ce programme SST n'y change rien."
Bien-être subventionné
Ces normes fédérales imposent un niveau de luminosité minimal, de la paille ou de la sciure au sol, un espace extérieur d'un cinquième de la surface totale. L'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) assure que le respect de ces normes est strictement contrôlé. Et les producteurs qui s'y plient sont subventionnés.
"Nous voulons promouvoir les élevages particulièrement respectueux du bien-être des animaux. Et pour la Confédération, cette promotion passe par l'argent. Les éleveurs sont ainsi dédommagés pour les coûts supplémentaires que ça engendre", confirme Jürg Jordi, chef de la communication de l'OFAG.
Le distributeur Bell concerné
Le distributeur est ensuite libre de mentionner que le poulet en question a été élevé dans ces conditions dites "particulièrement respectueuses du bien-être des animaux." C'est d'ailleurs ce que choisit de faire Bell, majoritairement détenu par le groupe Coop, contacté au sujet de ces images. C'est l'un de ses sites de production qui a été filmé dans la vidéo de Tier-im-Fokus.
"Sur la base de cette courte séquence, nous ne pouvons pas nous faire un point de vue d'ensemble", déclare Fabianne Vetsch, porte-parole de Bell. "Mais nous sommes en contact avec le fournisseur en question - un fournisseur chez lequel nous n'avons pas, lors de nos précédentes collaborations, observé de manquements."
Fausses idées des consommateurs
Selon Tier-im-Fokus, cette stratégie marketing, avec ces labels, pousse les consommateurs à se faire de fausses idées. Ces derniers ne réalisent pas que les poules sont souvent plus d'une quinzaine à se partager un mètre carré de surface, avancent les activistes.
"Nous nous penchons sur ce sujet depuis des années. Et on se rend compte que les gens n'ont aucune idée de la manière dont nos animaux sont détenus. C'est pourquoi nous publions régulièrement des recherches qui montrent sans fard comment ça se passe dans les élevages suisses", explique Tobias Sennhauser.
Raison pour laquelle Tier-im-Fokus exige aujourd'hui que les distributeurs affichent sur les emballages de la viande qu'ils vendent, une image véridique des conditions d'élevage de l'animal.
Katja Schaer/lgr