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"Faute de renseignements, on ne peut pas échanger d'informations"

Jean-Luc Vez, chef de la sécurité du WEF. [Keystone - Peter Schneider]
Jean-Luc Vez, chef de la sécurité du WEF / L'invité de la rédaction / 20 min. / le 21 avril 2016
"La loi sur la sécurité intérieure est un tigre de papier", a indiqué jeudi à la RTS Jean-Luc Vez, chef de la sécurité au World Economic Forum (WEF), en défendant la nouvelle loi sur le renseignement.

"La répression, la police judiciaire et les condamnations ont un effet dissuasif, mais le but reste d'empêcher les attaques", a indiqué Jean-Luc Vez, ancien directeur de l'Office fédéral de la police (fedpol). Pour permettre la prévention, il faut favoriser l'échange d'informations. Or cette pratique peine toujours, selon lui.

"L'échange d'informations continue de mal fonctionner entre les Etats et entre les services. C'est là l'essentiel de la problématique", a relevé Jean-Luc Vez. La cause de ce maillon faible se trouve dans les intérêts des Etats, qui sont des intérêts politiques. "Et parfois, il n'y a pas de l'huile dans les rouages, mais de l'huile sur le feu", a-t-il relevé.

La confiance, ça prend du temps à se construire et ça se perd très vite

Jean-Luc Vez

En outre, la Suisse n'est pas attractive. "Le renseignement fonctionne comme un marché (...). Or les services suisses ne sont pas toujours à même de cueillir les renseignements qu'il faut échanger pour recevoir des informations clés de l'étranger", a précisé l'expert.

Cette absence d'informations en Suisse provient du manque "d'instruments efficaces à disposition", lui-même causé par la loi sur la sécurité intérieure, qui est née sur les cendres de l'affaire des fiches dans les années 1990. Dans ce sens, la loi sur le renseignement, qui sera soumise au peuple, doit donner des moyens supplémentaires. Elle est respectera la proportionnalité, selon lui.

On ne détruit pas un nid de guêpe avec une bombe atomique

Jean-Luc Vez

Par ailleurs, l'échange d'informations à l'intérieur même du pays est problématique, selon lui. En cause, le fédéralisme et notre système démocratique. Le premier est "complexe" à gérer. Le second prend trop de temps. "Or internet a supprimé l'idée de temps", a relevé le chef de la sécurité du WEF.

Actuellement, la collaboration publique/privé est favorisée. "Lors du dernier WEF, cinq recommandations assez simples ont été émises pour promouvoir cet échange d'informations", a-t-il promis.

Il faut penser globalement mais il faut agir localement

Jean-Luc Vez

Concernant la menace terroriste en Suisse, l'ancien chef de la fedpol a indiqué ne pas être en mesure de la connaître dans ses détails. Mais il a précisé que les terroristes étaient "des couards". Ainsi, ceux-ci attaqueront davantage des plages, des gares, des restaurants ou des écoles ("cibles molles") que des dirigeants très protégés ("cibles dures").

En revanche, Jean-Luc Vez a assuré que le fort mouvement migratoire actuel ne devrait pas spécialement favoriser les attentats. "Le terrorisme n'a pas attendu les migrations pour exister", a-t-il relevé. "Même si ça a pris une certaine ampleur ces trois dernières années, il y a depuis longtemps des jeunes qui quittent l'Europe pour rejoindre les terrains d'opérations au Moyen-Orient ou en Afrique", a souligné Jean-Luc Vez.

bri

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