"Le contexte a changé", juge Thierry Béguin, pionnier sur la question du voile à l'école
Thierry Béguin était l'invité de l'émission Infrarouge mercredi soir sur la RTS qui proposait un débat sur les pratiques de l'islam en Suisse. Il a évoqué son rôle pionnier en 1998, lorsqu’il a fallu trancher sur le premier cas d'une élève portant le foulard islamique.
A l'époque, l'ancien chef de l'Instruction publique neuchâteloise avait cassé la décision des autorités scolaires de La Chaux-de-Fonds qui avaient interdit à Amina, 11 ans, de venir en classe avec son voile.
Intégrer plutôt qu'exclure
"Je me disais que si on exclut cette enfant de l'école, on va la renvoyer dans son ghetto peut-être intégriste, elle n'aura aucune chance de développer un esprit critique et j'estimais que c'était la vocation de l'école de l'intégrer plutôt que de l'exclure", a précisé Thierry Béguin.
Je suis pour être libéral, mais pas pour être angélique
Presque vingt ans plus tard, Thierry Béguin a affirmé qu'il ne serait "peut-être pas aussi enthousiaste pour prendre cette décision car le contexte a changé". Une telle décision pourrait "être de nature à encourager les franges les plus extrémistes de l'islam à revendiquer de plus en plus", selon lui.
L'ancien élu radical a toutefois tenu à préciser qu'il ne parlait pas "des musulmans qui jouent le jeu et qui sont tout autant scandalisés de l'histoire de l'enseignante bâloise."
Thierry Béguin s'est dit "préoccupé" aujourd'hui par les formes extrémistes de l'islam qui apparaissent à l'étranger comme en Suisse et qui désirent "imposer leur vision des choses" au monde. "Je suis pour être libéral, mais pas pour être angélique", a-t-il conclu.
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