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Le raisonnement de Christoph Blocher sur les Erythréens "ne tient pas"

Les Erythréens représentent la majorité des requérants d'asile en Suisse. En 2014, ils ont été près de 7000 à déposer une demande. (image d'archives) [Keystone]
Les Erythréens représentent la majorité des requérants d'asile en Suisse. - [Keystone]
"C'est un faux problème de dire que les Erythréens relèvent de l'aide sociale en Suisse", a défendu vendredi sur la RTS Philippe Currat, secrétaire général du Barreau Pénal International.

Dans le canton de Bâle, le nombre de requérants d'asile érythréens a doublé en cinq ans et plus de 80% sont à l'aide sociale. En réaction, le ponte de l'UDC Christoph Blocher a invité les communes concernées à entrer en résistance contre la politique d'asile de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, a indiqué la Basler Zeitung vendredi.

L'ex-ministre de la Justice estime que ces ressortissants ne doivent plus être considérés comme des réfugiés selon la Convention de Genève, mais comme des "réfugiés de guerre", et comme la guerre est terminée, il faut les renvoyer, selon lui.

"La Corée du Nord de l'Afrique"

Le raisonnement de Christoph Blocher "ne tient pas" et "le terme de réfugiés de guerre n'existe pas", a réagi Philippe Curat sur les ondes de La Première.

"Peut-être que la situation de guerre en Erythrée est terminée mais la situation politique est extrêmement compliquée. Si on l'appelle 'la Corée du Nord de l'Afrique', ce n'est peut-être pas pour rien", a-t-il argumenté.

Du fait de constituer une "dictature effroyable", l'Erytrhée est le pays "qui génère le plus de réfugiés dans le monde sans être dans une situation de conflit", a poursuivi le spécialiste du droit international public.

"Plus de sérieux et moins de politique"

Pour Philippe Curat, la désertion "doit être un motif pour obtenir l'asile" et les Erythréens "doivent être considérés comme des réfugiés", même s'il faut "individualiser l'approche".

Par ailleurs, "la problématique de l'aide sociale est complètement controuvée", selon lui. Les procédures durent longtemps, "parfois des années", et pendant ce temps-là, "les Erythréens n'ont accès à aucun titre de séjour et ne peuvent donc travailler".

Les Erythréens "relèvent de l'aide sociale car nous ne traitons pas leur cas sérieusement". Il faut faire "preuve de beaucoup plus de célérité et beaucoup moins de politique, comme le fait Christoph Blocher", a-t-il conclu.

bri

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Comment mettre en place une justice pour favoriser la réconciliation en Syrie?

Philippe Curat a aussi été interrogé sur l'avenir en Syrie, et plus particulièrement sur la justice transitionnelle, à savoir la récolte de données dans l'attente d'éventuels procès. De nombreuses ONG oeuvrent à cela actuellement.

L'expert a mis en avant la difficulté de ce travail: "Si la récolte de preuves n'est pas assez précise ou ne correspond pas à la juridiction saisie, alors un certain nombre de données peuvent ne pas être exploitables et cela crée des frustrations".

La durée d'un procès pour les crimes commis en Syrie est imprévisible, "un peu comme le fût du canon pour refroidir", a-t-il également relevé.