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Des détenus toujours plus âgés, le nouveau défi des prisons suisses

Les prisonniers âgés sont de plus en plus nombreux dans les prisons, demandant des aménagements particuliers des établissements (ici aux Etats-Unis). [Andrew Burton/Getty Images/AFP]
Des détenus toujours plus âgés, le nouveau défi des prisons suisses / Le Journal du matin / 1 min. / le 27 avril 2016
De plus en plus de personnes incarcérées restent en prison jusqu'à la fin de leurs jours. Or, les établissements y sont mal préparés, rapporte une étude des universités de Berne et de Fribourg mardi.

Dans les prisons suisses, le nombre de criminels de plus de 50 ans a doublé depuis 2005 pour atteindre plus de 600 personnes, dont 30 âgées de plus de 70 ans, indique mardi le Fonds national suisse.

Cela tient à l'évolution démographique de la population, la croissance de la criminalité et des peines plus sévères comme les mesures d'internement.

"Les services pénitentiaires ne sont quasiment pas préparés aux évolutions démographiques de leurs détenus", constate Ueli Hostettler, anthropologue social qui a dirigé l'équipe de chercheurs du programme national de recherche "Fin de vie".

Employés pas formés

Les prisons sont axées sur la réinsertion des internés âgés et non sur leurs besoins, et les employés ne sont pas formés à une telle prise en charge. Ceux-ci ont pour tâche de surveiller et non de soigner.

Les internés disent eux redouter de ne pas pouvoir passer leur fin de vie dans la dignité et craignent de ne pas être suffisamment traités en cas de maladie ou de douleurs.

ats/sbad

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Adapter les cellules pour les soins de longues durées

Les chercheurs recommandent notamment de créer des règles uniformes dans toutes les prisons helvétiques pour remédier à ces problèmes. Actuellement, il n'y a ni directives ni normes juridiques en Suisse.

L'étude recommande aussi aux établissements pénitentiaires d'adapter les cellules et de les équiper pour les soins de longue durée, par exemple en les dotant de lits réglables en hauteur ou de boutons d'appel d’urgence.

Le personnel devrait suivre des formations continues ou pouvoir faire appel à des soignants professionnels qui s'occupent des malades chroniques avec possibilité de recourir aux soins palliatifs.

Mourir "dehors"

Les prisonniers en fin de vie devraient également pouvoir choisir l'endroit où ils veulent mourir, dans l'établissement ou "dehors" dans un hospice. Le régime de détention devrait être assoupli lors de cette dernière phase de la vie.

Pour son rapport, l'équipe a suivi le déroulement de 15 décès, interviewé une soixantaine de détenus et examiné pendant trois mois les conditions de vie des établissements de Lenzbourg (AG) et de Pöschwies (ZH).