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"Le retour des contrôles aux frontières est la seule solution"

Raymond Clottu, conseiller national UDC NE, membre de la commission de la sécurité sociale et de la santé publique [Keystone - Anthony Anex]
Raymond Clottu, conseiller national UDC NE. - [Keystone - Anthony Anex]
La révision de la loi sur l'asile, visant à accélérer les procédures d'examen et à réduire les coûts, ne satisfait pas la droite, comme l'explique le conseiller national UDC neuchâtelois Raymond Clottu.

RTSinfo: Pourquoi aller à l'encontre de cette révision de la loi sur l'asile a priori pertinente dans le contexte actuel?

Raymond Clottu, conseiller national UDC neuchâtelois: Ce projet de révision de la loi défendue par Simonetta Sommaruga date de 2011-2013, les circonstances étaient différentes. Cette révision est basée sur des chiffres de 24'000 réfugiés annuels, actuellement nous sommes déjà à plus de 39'000 requérants d'asile.

Cette révision est totalement dépassée et ne correspond plus à ce que nous vivons actuellement. Si nous avons été épargnés jusqu'ici, la fermeté croissante de la politique des pays voisins va rendre la Suisse plus attractive aux yeux des requérants d'asile qui ne sont pas en situation de réel danger.

L'UDC est particulièrement critique envers l'aide juridique proposée gratuitement aux requérants, pourquoi?

C'est un mauvais signal que nous transmettons, on va trop loin. Le message est "venez en Suisse, vous avez le droit à un avocat qui vous défendra pour obtenir l'asile." Encore une fois, cette réforme ne correspond plus à la réalité du terrain.

Cette solution était peut-être possible entre 2011 et 2013, mais avec l'afflux de migrants auquel nous allons faire face, ça prendra beaucoup trop de temps. Aujourd'hui, c'est à la frontière que nous devons agir et faire le tri. On doit réinstaurer des contrôles, comme d'autres pays l'appliquent.

Là, nous ne sommes pas encore dans l'urgence, mais la situation va se dégrader. Il suffit de voir les décisions de certains pays, tels que l'Autriche. Il faut désormais agir sur le terrain, sans quoi nous allons à l'encontre des valeurs du fédéralisme.

Nous avons toujours travaillé du bas vers le haut, soit des communes, des cantons vers la Confédération. La population doit avoir le dernier mot, sans quoi, nous nous dirigeons vers une situation dommageable, telle que celle vécue au sein de l'Union européenne, où Bruxelles impose sa loi aux Etats et finalement elle n'est pas respectée. Nous devons être plus strictes, aussi par respect pour ces gens en ne leur donnant pas de faux espoirs.

En raccourcissant les procédures, cette révision devrait permettre des économies annuelles de 200 millions de francs.

Ces économies sont calculées sur des chiffres qui ne correspondent à plus rien. Prenons l'exemple de Neuchâtel avec le centre d'accueil de requérants d'asile prévu à Perreux. Les arguments sont de dire que cela va générer de l'emploi et que les frais seront à la charge de la Confédération. Mais Berne devra bien trouver des financements, on risque de revoir la péréquation cantonale, c'est un circuit fermé.

Si on n'arrive pas à boucler les finances fédérales, les cantons devront passer à la caisse. Ces économies sont de la poudre aux yeux des cantons.

C'est tout de même un comble que l'UDC se retrouve à combattre une réforme de la loi sur l'asile, défendue par le PS, alors que c'est un thème de prédilection de votre parti?

L'UDC a toujours eu une position très claire, elle est favorable à un accueil des requérants d'asile pour autant que l'Etat reste maître dans la prise de décision et que cet accueil ne concerne que les réfugiés qui sont en situation de danger pour leur vie. Les centres d'accueil comptent davantage de jeunes hommes que de femmes et d'enfants.

Sans compter la hausse du nombre de mineurs non accompagnés. La loi ne traite pas de ce problème. Je ne suis pas sûr qu'ils soient tous sans parents.

Il y en a évidemment, mais c'est aussi une manière d'arriver en Europe. Et puisque la Suisse ne peut pas les refouler, on prend le risque d'un regroupement familial. D'autant plus avec les conseils d'un avocat mis à leur disposition sans frais.

La solution du contrôle aux frontières est la seule qui puisse répondre à cette situation. L'UE a déjà amorcé le mouvement en renvoyant les requérants en Turquie. Même si cette décision est très critiquée, elle semble pertinente. Je me doute que les camps installés en Turquie n'offrent pas une situation de rêve, mais c'est tout de même mieux que d'imposerdes traversées périlleuses de la Méditerranée et d'accentuer cet appel d'air vers l'Europe.

L'UDC fait une nouvelle fois cavalier seul, ça ne devrait plus être le cas après les élections fédérales qui ont vu le Parlement glisser à droite?

Le vote sur cette révision de la loi sur l'asile s'est fait lors de la précédente législature, mais je ne suis pas persuadé que sur ces problématiques il aurait été différent avec le nouveau parlement. L'UDC est encore bien seule et si les partis persistent, je crains que la Suisse ne voit naître des formations d'extrême droite. Des partis de ce type pourraient émerger, pousser par une vision nationaliste.

Ceci notamment parce que les solutions proposées par Simonetta Sommaruga ne sont pas du tout rassurantes.

Ce référendum est donc aussi une occasion d'attaquer la conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga?

Avec cette loi, elle donne de faux espoirs à ces gens. Il serait temps de négocier avec les pays d'où proviennent ces migrants. En 4 ans, l'aide au développement est passée de 1,8 milliards de francs à 2,4 milliards de francs. Pourquoi n'utilise-t-on pas cet aspect dans les négociations avec les dirigeants des pays concernés? Nous devons avoir plus de fermeté.

La politique impose d'anticiper, cette loi est dépassée! Si nous voulons être efficaces aux frontières, il faut entamer les démarches. Mais là, nous finirons pas agir dans la précipitation.

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