Large soutien à la loi sur l'asile
A cinq semaines des votations, 59% des Suisses accepteraient la révision de la loi sur l'asile proposée par le Conseil fédéral, annonce vendredi gfs.bern mandaté par la SSR. Seuls 30% des sondés la refuseraient. Mais plusieurs scénarios, y compris une forte progression des opposants, restent possibles, note l'institut.
Le plus fort soutien vient des partisans du Parti socialiste, qui sont 72% à approuver la révision de la loi. Bien que la majorité des sympathisants de toutes les formations politiques l'accepte, la marge est très faible du côté de l'UDC, à l'origine du référendum: 49% des personnes interrogées proches du parti bourgeois ne suivent pas la recommandation de leur formation et se disent favorables au texte, contre 46% de "non".
Argument phare, l'accélération des procédures séduit 80% des sondés. En revanche, 70% des personnes interrogées se montrent inquiètes que le projet permette d'exproprier pour construire des centres pour l'accueil de requérants d'asile.
Par ailleurs, la révision de la loi sur l'asile reçoit un appui particulièrement marqué chez les femmes. Celles-ci sont 66% à vouloir dire "oui" le 5 juin, contre seulement 21% de "non". Du côté des hommes, 51% l'accepteraient et 41% la refuseraient.
Le revenu de base balayé
L'initiative populaire pour un revenu de base inconditionnel (RBI) se dirige clairement vers un rejet le 5 juin, avance l'institut gfs.bern. Alors que les opinions sont déjà largement formées sur cet objet, celui-ci accuse un retard de 48 points. Seuls 24% des sondés se sont déclarés favorables à la proposition formulée par un groupe de citoyens indépendants d'octroyer à tout le monde une rente mensuelle de 2500 francs.
Le projet n'est soutenu que par les sympathisants des Verts (61% de "oui"). Chez les socialistes, les opinions sont divisées, avec 43% de "oui" et 49% de "non". En revanche, le projet est totalement rejeté par les partisans des partis bourgeois, où les avis défavorables atteignent jusqu'à 91% pour le PDC.
Les principaux problèmes relevés par les personnes interrogées sont l'incitation à arrêter de travailler que pourrait provoquer l'initiative (73%) et la question de son financement (69%). A noter que même les personnes avec un revenu inférieur à 3000 francs penchent pour le refus du RBI.
Soutien surprise pour l'initiative "service public"
Lancée par des organisations de consommateurs, l'initiative "en faveur du service public" séduit près de 6 Suisses sur 10. Étonnamment, seuls 26% des sondés suivent l'avis de l'ensemble des partis politiques et des cantons, tous opposés au projet qui veut encadrer les activités de La Poste, des CFF et de Swisscom.
Ce résultat est toutefois à nuancer. Gfs.bern souligne que, outre la part importante d'indécis, la campagne des opposants n'avait pas encore commencé lorsque le sondage a été réalisé. L'institut prédit ainsi une forte progression du "non".
Pour l'instant, l'argument des initiants qui convainc le plus concerne les salaires des managers de La Poste, des CFF et de Swisscom. Ceux-ci ne devraient pas dépasser les revenus des conseillers fédéraux, d'après 70% des sondés.
Suspense sur l'initiative "vache à lait"
Les opposants à l'initiative populaire dite "vache à lait" débutent la campagne avec un petit avantage. Selon le sondage SSR, 47% des Suisses refuseraient le texte lancé par le lobby automobile et 42% l'accepteraient.
Le projet, qui exige que l'intégralité de l'impôt sur les carburants soit consacré au financement des routes, obtient surtout le soutien des partisans de l'UDC (59%), seul parti dans le rang des initiants. Il est très largement rejeté par les sympathisants du PS (68% de non) et des Verts (75%).
Sans surprise, l'initiative séduit davantage les propriétaires de voitures. Les personnes interrogées qui possèdent deux véhicules ou plus sont 53% à se prononcer en sa faveur, contre 38% de non. A l'inverse, il n'y a que 33% d'avis favorables chez ceux qui ne détiennent pas de voiture.
La campagne devrait toutefois être favorable aux opposants, note gfs.bern, qui voit le "non" se renforcer d'ici le 5 juin.
A noter que le sondage n'a pas été étendu à la nouvelle loi sur la procréation médicalement assistée, qui fait également l'objet d'un référendum le 5 juin.
Valentin Tombez
La méthodologie
Le premier sondage SSR en vue des votations du 5 juin a été réalisé par l'institut gfs.bern entre le 18 et le 23 avril 2016.
Un échantillon représentatif de la population suisse comptant 1209 individus a été interrogé. La marge d'erreur est de +/- 2,9%.