Une cinquantaine de manifestations autour du 1er Mai ont été organisées dans 20 cantons, d'après une liste de l'Union syndicale suisse (USS). Cortèges, randonnées, tables rondes, exposés, slams ou concerts ont marqué la Fête du travail en Suisse ce dimanche.
La centrale syndicale entendait "gripper le moteur du démontage social et huiler celui de la justice". Il s'agit de s'unir et de se battre pour la dignité, la justice sociale, les emplois et de bonnes conditions de travail, poursuit le texte.
Mobilisation de la gauche
Les deux conseillers fédéraux de gauche étaient sur le pont. Simonetta Sommaruga a visité l'hôpital cantonal de Winterthour (ZH) et Alain Berset s'est exprimé à Aarau (voir encadrés).
Alain Berset a défendu une AVS forte et stable, pilier central de la justice sociale en Suisse. Dans le cadre de la réforme de la prévoyance vieillesse, il faut trouver une solution qui inspire la confiance de tous, a lancé le ministre en charge du Département fédéral de l'intérieur (DFI).
Du côté des partis, le président du Parti socialiste (PS) Christian Levrat a critiqué les innombrables "décisions glaciales" de la majorité de droite au Parlement qui vont à l'encontre des intérêts des citoyens suisses: l'âge de la retraite à 67 ans ou le pouvoir donné aux caisses maladie, notamment. Ce "froid" règne depuis le virage à droite pris lors des élections en octobre, écrit-il dimanche dans la lettre d'information du PS.
En Suisse romande, le conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard a pris la parole à Bienne et à Moutier (BE). Les élus socialistes Géraldine Savary (VD) et Mathias Reynard (VS) se sont exprimés pour leur part à Sion.
Pas de débordements à Genève
A Genève, environ 1500 personnes ont bravé le froid pour les retraites et contre l'austérité. Le cortège s'est déroulé sans accroc malgré un retard dû à une vingtaine de jeunes militants anticapitalistes. Ils refusaient de se faire fouiller par la police. Encerclés par le même nombre de policiers, ils ont pu finalement rejoindre les rangs des manifestants.
Tout au long du rassemblement, les discours ont repris le mot d'ordre axé sur la défense des retraites. Les manifestants ont affiché leur soutien à l'initiative AVSplus qui revaloriserait de 10% les rentes, à l'image des banderoles "Ensemble pour une AVS plus forte" qui les accompagnaient.
10'00 personnes et déprédations à Zurich
A Zurich, les manifestations ont connu quelques débordements. Environ 300 personnes issues du milieu d'extrême gauche ont perturbé le cortège des syndicats, qui rassemblait près de 10'000 personnes. Les groupements incriminés ont sprayé les bâtiments de l'administration communale et de la police cantonale et cassé des vitrines de restaurants et commerces au centre-ville. Les dégâts se montent à plusieurs dizaines de milliers de francs.
ats/dk/olhor
Entre 20'000 et 50'000 emplois supprimés en 2015
Plus de 20'000 emplois ont été supprimés en Suisse en 2015, selon la présidente d'Unia. Certaines études parlent même de 50'000 postes perdus, ajoute Vania Alleva dans une interview au Matin Dimanche.
En cette "journée de fête mais aussi de lutte", la syndicaliste impute ces suppressions d'emplois au problème du franc fort.
Celui-ci a aussi des répercussions sur les salaires ou le temps de travail tant dans l'industrie que dans l'hôtellerie et le commerce de détail, relève Vania Alleva.
Dans le monde, incidents à Paris et Istanbul
"Contre la pauvreté salariale et sociale", les manifestations traditionnelles du 1er Mai se sont déroulées dimanche à travers le monde.
A Istanbul, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser des manifestants en plusieurs endroits de la plus grande ville de Turquie, notamment autour de la célèbre place Taksim, foyer traditionnel de protestation.
En France, la fête du Travail se déroulait dans un climat particulièrement tendu, après deux mois de contestation contre un projet de loi sur le travail et de nombreuses manifestations émaillées de violences.
A Paris, des débordements ont éclaté entre 200 à 300 jeunes cagoulés ou casqués et forces de l'ordre, qui ont riposté à des jets de projectiles par des tirs de gaz lacrymogène.