La Suisse reste une cible potentielle, mais pas prioritaire des djihadistes, constate en substance le Service de renseignement de la Confédération (SRC) dans ce document sur la sécurité.
Le nombre d'internautes repérés par le SRC est passé de 300 à 400 en l'espace de six mois. Et ce chiffre devrait encore augmenter, tout comme le nombre de messages valorisant le djihad violent ou les photos de matériel djihadiste postées sur les réseaux sociaux. "Je pars quand même de l'idée que - avant que ça s'améliore - on va observer encore plus de cas sur les réseaux sociaux", affirme Markus Seiler, directeur du SRC.
Voyages djihadistes plus difficiles
Le nombre de candidats au djihad, en revanche, atteint un plafond selon le renseignement. Une septantaine de voyageurs se sont rendus dans les zones de conflit jusqu'à présent depuis la Suisse, dont douze qui sont revenus. Et il ne devrait pas y avoir beaucoup d'autres départs, selon Markus Seiler, qui explique ce phénomène par la difficulté plus grande à voyager vers les zones de conflit: "La Turquie a fait des efforts, d'autres pays ont fait des efforts, et il y a (…) maintenant des personnes qui sont rentrées et qui racontent que ce n'est pas le paradis qu'elles ont trouvé là-bas. C'est plus facile de faire la propagande sur internet que de voyager."
Pas de terroriste avéré parmi les requérants
Un autre chiffre est dévoilé par Markus Seiler: le nombre de personnes suspectées de djihadisme qui s'immiscent dans les flux de requérants d'asile. En Suisse, aucun cas avéré de terrorisme n'a été repéré. Mais dans neuf cas sur 4900 dossiers vérifiés, le Service de renseignement de la Confédération a transmis des réserves.
Les pressions sur la Suisse vues par Guy Parmelin
Interrogé lundi dans le cadre de l'émission Forum, le conseiller fédéral Guy Parmelin a évoqué les pressions "exceptionnellement élevées" qui pèsent sur l'Europe en matière de terrorisme. Des pressions auxquelles la Suisse n’échappe pas : "Nous hébergeons dans notre pays des organisations internationales. Il y a des intérêts économiques de pays qui sont en train de combattre dans des zones ou le groupe EI et d’autres groupes terroristes sévissent. Donc indirectement, ou de manière collatérale, nous pourrions une fois être visés", a-t-il précisé.
Le chef du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports estime que l'afflux potentiel de migrants cet été représente également un défi. Selon lui, il a été prouvé, lors des attentats de Paris et de Bruxelles, qu'au moins deux des terroristes avaient suivi la filière de l'asile.
"Donc ce n’est pas un risque anodin", ajoute Guy Parmelin. "Les flux migratoires sont extrêmement conséquents. L’important c’est que chaque personne qui traverse ou entre en Suisse puisse être identifié. Et identifié veut dire que l’on puisse recueillir les empreintes digitales dans tous les cas, de façon à pouvoir limiter les risques."
Muriel Ballaman/oang