Les interprètes communautaires, qui font le lien entre les administrations (santé, éducation, social) et les migrants, sont essentiels au bon fonctionnement de l'administration. Et avec l'arrivée récente de nombreuses personnes d'origine étrangère, ils sont toujours davantage sollicités.
En 2015, les interventions relatives à l'interprétariat communautaire ont augmenté en Suisse de 15 à 30% selon les régions, d'après un rapport publié en avril par Interpret, l'association suisse pour l'interprétariat communautaire et la médiation interculturelle.
La Croix Rouge genevoise dénombre ainsi un total de 45'205 heures d'interprétariat communautaire pour l'année 2015, soit une hausse de 26% par rapport à 2014. Pour Appartenance Vaud, 53'290 heures ont été comptabilisées, soit une augmentation de 15% en un an.
Des langues rares
Le problème réside surtout dans la recherche d'interprètes de langues rares. Les trois idiomes les plus recherchés sont le tigrinya (Erythrée, 16%), l'arabe (11%) et l'albanais (10%), et il faut aussi des gens parlant le portugais ou l'espagnol. Toutefois, des personnes pratiquant des langues aussi diverses que le farsi (Afghanistan, Iran), le tamil (Sri Lanka), le somali, le kurde, l'amharique (Erythrée, Ethiopie) ou l'ourdou (Pakistan) sont difficiles à dénicher.
Il a donc fallu recruter rapidement beaucoup de nouveaux interprètes et on se retrouve aujourd'hui avec 30,3% d’interprètes communautaires qui ne sont pas formés à cette profession, donc sans aucun certificat.
Concernant les cantons romands les plus concernés par l'interprétariat, Vaud compte 133 interprètes communautaires, dont 23 en formation et 40 sans formation. Genève compte 125 interprètes, dont 37 en formation et 46 sans formation. Fribourg compte 88 interprètes, dont 63 en formation et 8 sans formation. Le Valais compte 55 interprètes, dont 17 en formation et 13 sans formation.
Respect de la confidentialité
Et ces lacunes en matière de formation posent d'importants problèmes, car outre la langue, les interprètes doivent être formés à la pratique, notamment à la déontologie (pour ne pas devenir l'avocat du migrant). Ils doivent aussi apprendre à garantir le respect de la vie privée, de la confidentialité des entretiens et du secret médical. Ils doivent aussi rester neutres en toute occasion (par exemple en présence de deux Syriens qui ne viennent pas du même bord politique).
Pour régler ces problèmes, la Croix Rouge incite les personnes à se certifier et propose par exemple une formation expresse d’une trentaine d'heures aux nouvelles recrues.
Céline Tran-Tien/boi