Près d’un mois après l'affaire des "Panama papers", les représentants de 50 pays se sont réunis jeudi à Londres, dans le cadre d’un sommet anti-corruption organisé sous l'égide du Premier ministre britannique David Cameron.
Sur place pour représenter la Confédération, le ministre des Affaires étrangères Didier Burkhalter a livré jeudi à la RTS un regard lucide sur la portée d'un tel sommet.
"Il y a des pays qui y viennent avec peu d'ambition de progresser, d'autres qui ont envie d'aller de l'avant. En Suisse, nous avons maintenant une stratégie de restitution des avoirs illicites où nous sommes numéro un mondial et où nous voulons encore progresser. Pour faire des progrès, il faut beaucoup de contacts politiques, d'où l'importance d'être présent."
La Suisse est régulièrement critiquée, précise le ministre, "et souvent de manière très injustifiée, parce ce qu'on ne connaît pas tous les efforts que nous faisons dans le domaine de la lutte contre la corruption", alors que la Suisse "fait partie des pays les moins corrompus au monde".
L'argent de la corruption qui vient du sud vers le nord est aussi la faute des pays développés, dont la législation permet cela.
Estimant qu'il "ne faut pas attendre des immenses progrès" d'un tel sommet, le conseiller fédéral note des "trous dans la transparence" en train de se construire au niveau mondial, "notamment au Royaume-Uni et aux Etats-Unis". "L'argent de la corruption qui vient du Sud vers le Nord n'est pas la seule faute des dictateurs, mais aussi celle des pays développés dont la législation ne permet pas d'éviter cela."
Un accord non contraignant, à quoi bon?
Sur la question de la raison d'être d'un accord non contraignant, et expurgé de ses exigences les plus pointues, Didier Burkhalter se montre philosophe: "Il faut des avancées progressives et des alliances", qui sont autant d'"efforts additionnés" dans la bonne direction, "comme les cubes d'un jeu qu'on imbrique".
Le conseiller fédéral réfute toutefois l'idée d'une simple stratégie pour bien positionner la Suisse. "Le but premier est de répondre aux exigences de notre Constitution fédérale, qui prévoit de travailler pour la paix et les droits de l'homme. Or, la corruption génère énormément de souffrances dans le monde. Mettre en avant nos valeurs donne une force, une image et une énergie à la Suisse. Et cela en retour l'aide sur le plan de sa situation et de ses valeurs économiques."
Se battre partout, lors des grands sommets comme sur le terrain
"Il faut se battre partout, tant sur le plan diplomatique lors des grands sommets que sur le terrain", remarque encore Didier Burkhalter. "Mais pour cela, il faut être tenace. C'est cela, la diplomatie."
kkub
La Suisse partenaire du premier centre international anticorruption
La Suisse a été mentionnée dans un communiqué du gouvernement britannique, qui mentionne la création du premier centre de coordination internationale anticorruption basé à Londres.
Ce dernier fonctionnera en partenariat avec Interpol, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Suisse. Son rôle sera de traquer les élites corrompues et de récupérer les avoirs volés.