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"Le statut de requérants peut être amélioré pour la 1ère fois depuis 1981"

Didier Berberat. [PS Neuchâtel]
Didier Berberat. - [PS Neuchâtel]
Pour Didier Berberat, conseiller aux Etats (PS/NE), cette révision de la loi sur l'asile offre des progrès considérables pour les requérants.

RTSinfo: En quoi cette nouvelle révision est-elle nécessaire?

Didier Berberat, conseiller aux Etats (PS/NE): Parce que les avantages l'emportent sur les inconvénients. Avec cette loi, nous aurons enfin des procédures accélérées, d'une durée de 140 jours contre une moyenne de 900 jours actuellement. Cela permettra de réduire les coûts. De plus, l'assistance juridique prévue garantira aux demandeurs d'asile des procédures équitables. Sans oublier que cette révision offrira 3600 places supplémentaires dans des centres fédéraux.

Même Simonetta Sommaruga admet que cette loi ne résout pas tous les problèmes, cette révision est-elle vraiment utile?

Non, effectivement elle ne résout pas toute la problématique de la politique d'asile, mais elle conduit, pour la première fois depuis 1981, à des améliorations concrètes pour les demandeurs d'asile. L'accélération des procédures mettra fin à la précarité juridique dans laquelle ils se trouvent. Ils sauront rapidement s'ils doivent partir ou s'ils peuvent rester et se projeter dans l'avenir: chercher un travail, un logement, scolariser les enfants. Une clarification rapide de leur statut est de loin préférable à la situation actuelle qui conduit souvent à des drames humains.

Cette loi n'est-elle pas trop attractive pour les réfugiés?

Cela fait des années que l'UDC annonce une arrivée massive d'étrangers, déjà à l'époque de la guerre dans les Balkans. Mais jusqu'à maintenant la vague migratoire a peu touché la Suisse par rapport à d'autres pays. Contrairement à ce que dit l'UDC, la Suisse ne fait pas partie des pays qui attirent le plus les réfugiés. Qu'on accepte ou non cette révision, je n'ai pas l'impression que les réfugiés qui se trouvent actuellement en Grèce ou en Turquie aient lu le message du Conseil fédéral. Ils vont où ils peuvent, c'est-à-dire où les passeurs les amènent. Ce n'est pas la nouvelle loi qui va changer cette situation.

Le système a été pensé alors que la Suisse accueillait 24'000 migrants par an. Or il y en a eu 40'000 en 2015. Le système est-il toujours valable?

Oui, la Suisse a les capacités pour accueillir tous ces migrants. Evidemment la situation géopolitique peut changer et provoquer des fluctuations dans le domaine de l'asile, mais la Suisse a les moyens de faire face. L'UDC, comme d'habitude, est de mauvaise foi et joue sur la peur des gens. Elle utilise des arguments fallacieux, comme avec les expropriations.

C'est-à-dire?

La Confédération ne va exproprier personne de son chalet de vacances. L'UDC utilise cette menace pour faire peur, c'est de la fumisterie intellectuelle et ce n'est pas digne des responsabilités d'un parti gouvernemental. Les expropriations ne toucheront pas les particuliers.

Certains, à gauche, jugent cette loi trop sévère avec les réquérants.

Mais on n'est pas au pays des "Bisounours". Il a déjà été très difficile de trouver un compromis pour cette loi aux Chambres. Ceux qui souhaitent accueillir tout le monde automatiquement trouvent évidemment que la loi est trop restrictive, mais pour la première fois depuis 1981, le statut des requérants est amélioré. Cette loi est le mieux qu'on ait pu faire dans ce domaine.

La révision de la loi permet de durcir les sanctions contre les contrevenants, n'est-ce pas contraire aux principes du parti socialiste?

Le PS a fait la pesée des intérêts et constaté que les avantages l'emportent sur les inconvénients. Ce n'est pas la loi qu'aurait fait le PS s'il avait été majoritaire, ce n'est pas une loi de gauche, même si heureusement elle porte la marque de la conseillère fédérale socialiste Simonetta Sommaruga qui a piloté le projet. Ce n'est pas la loi idéale, mais il a fallu trouver un consensus qui, même s'il durcit les conditions de renvoi, améliore considérablement le temps de traitement des dossiers et offre une protection juridique aux requérants.

Mais le PS n'a-t-il pas capitulé en acceptant cette révision?

Non, le PS n'a pas capitulé, il a réussi à faire passer la question de la représentation légale qui est un progrès considérable que l'on demandait depuis longtemps.

N'est-ce pas un comble que cela soit le PS qui soutienne cette révision et que l'UDC se retrouve à combattre des décisions liées à l'asile?

Si l'UDC est contre cette loi, c'est uniquement parce qu'elle amène des améliorations pour les requérants. Et il ne s'agit pas d'un duel PS-UDC, tous les partis, les cantons et les communes soutiennent cette révision.

L'UDC est un parti qui pose souvent les bonnes questions mais qui apporte de mauvaises réponses, et qui cherche plutôt à mettre de l'huile sur le feu qu'à trouver des solutions.

Mais il faut faire attention, car si l'UDC, aidée par l'extrême gauche, gagne le référendum, il faudra reprendre le dossier. Les conditions ne sont plus les mêmes. L'UDC a progressé de manière importante au National depuis les dernières élections. Avec la nouvelle législature, les positions se sont durcies, voire radicalisées. Une nouvelle loi dans ces conditions serait beaucoup plus dure. C'est un risque important, il ne faut pas jouer avec le feu.

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Propos recueillis par France-Anne Landry

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