La cérémonie de bénédiction au tunnel de base du Gothard - le premier juin prochain - prévoyait initialement d'inviter un abbé, un rabbin, un imam et un athée. L'absence d'un représentant de la communauté protestante a ainsi enflammé les esprits, par exemple du côté de l'ancien Conseiller fédéral Adolf Ogi qui confiait jeudi dans le Blick attendre de l'Office fédéral des transports qu'il corrige le tir. Claude Ruey, président de l'Entraide protestante suisse, avait également dénoncé ce manquement la semaine passée dans l'émission Forum.
Des critiques entendues par le département, qui a annoncé jeudi après-midi à la RTS que le Conseil fédéral faisait machine arrière et qu'il invitera bien deux représentants de la religion chrétienne à cette cérémonie, un catholique et un protestant.
Cette décision a été prise jeudi après une rencontre entre les Eglises chrétiennes et le DETEC. Il y aura donc bien un pasteur pour bénir le nouveau tunnel, aux côtés d'un prêtre, un représentant des personnes non croyantes, un rabbin et un imam.
Autre polémique autour de l'imam?
Autre polémique: celle autour de l'imam choisi pour la même occasion. Saïda Keller-Messahli, la présidente du Forum pour un islam progressiste a fait part de réserves dans le Journal du matin jeudi. "Les médias au Tessin ont écrit pas mal de choses sur le choix de cet imam qui n’est pas du tout modéré comme le pensent la plupart des gens, Mais qui a des contacts en Albanie et ailleurs avec des prédicateurs extrêmement radicaux. Plusieurs gens me disent qu'ils ne se sentent pas représentés par cet imam", a-t-elle indiqué.
Or ce qui apparaît clairement au sujet de Bekim Alimi, imam basé à Wil et président de l'organisation faîtière des communautés islamiques de Suisse orientale, c'est en premier lieu un discours modéré dans les médias alémaniques.
L'homme a par exemple condamné les attentats de Paris, fustigé le radicalisme de Daech. Et disait encore récemment ne pas comprendre pourquoi cette jeune fille musulmane bâloise a refusé de serrer la main d'un enseignant. Bekim Alimi est enfin apprécié des autorités politiques et religieuses locales.
Conservateur, mais pas radical
Cet homme religieux paraît donc bien sous tout rapport et des voix respectées dans les rangs des musulmans romands estiment que s'il prône à la rigueur un islam plus conservateur, il n'est certainement pas radical.
En revanche Bekim Alimi, d'origine macédonienne, ne fait pas l'unanimité au sein de sa communauté: les musulmans albanophones. Selon l'un d'eux, l'imam de Wil serait un manipulateur, assoiffé de pouvoir. Tandis qu'une autre source l'aurait vu sur des vidéos en compagnie de prédicateurs extrémistes. Mais ces affirmations sont impossibles à vérifier.
Selon un observateur averti de l’islam en Suisse, ces accusation relèveraient toutefois d’une certaine jalousie face à cet imam et à la reconnaissance qu'il retirera de sa participation à la cérémonie.
Marc Menichini/jzim